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La vérité vous affranchira… (Jean 8: 32)

D’un bout à l’autre de l’échiquier politique de Martinique, parmi les intellectuels et les artistes, les événements du 22 mai dernier, à l’occasion de la commémoration de l’abolition de l’esclavage en 1848, continuent de susciter des réactions tantôt surprenantes, tantôt équivoques.

Chasse aux zombies

Ce vendredi, en effet, deux groupes de jeunes estimés proches du mouvement RVN, rouge, vert, noir, les couleurs du drapeau nationaliste, ont respectivement à Fort-de-France et Schoelcher (anciennement Case Navire jusqu’en 1889) déboulonné (en langue créole déchouqué) – les statues de celui qui fut, tour à tour, pour la petite histoire, le défenseur de la cause des Africains esclavagisés, mais aussi l’homme qui évita à la France de perdre après Haïti (1804) ses colonies de Martinique, de Guadeloupe et de Guyane. Victor Schoelcher est également connu par les historiens pour être celui qui obtint de la puissance coloniale qu’elle dédommagea les planteurs. Par la suite, il fut député puis ministres des Antilles.

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Les raisons de la colère

Pour d’aucuns, les réactions, pour le moins inattendues, des membres de cette jeunesse « Curieuse de son histoire » selon un politicien, « des actes de dégradation et de vandalisme » pour un autre » interviennent dans un contexte politique et économique, où, de l’avis des observateurs « le génocide par substitution » expression de Césaire, se met en place tout doucement. Ajoutés à ces éléments factuels, les effets de l’empoisonnement du territoire par la chlordécone, le chômage croissant, la gestion de la crise sanitaire du Covid 19 et l’infantilisation de la population par un haut responsable, il n’est pas étonnant que l’occultation de la vérité suscite une grande indignation. D’autant plus que pour plus d’un, s’il est vrai que Schoelcher, à l’instar de l’abbé Grégoire et des intellectuels français, a participé certes, au processus d’émancipation des esclaves, ses œuvres ont néanmoins été sans cesse précédées par la résistance de ces derniers. Par conséquent, il ne devrait point être le héros de l’application du traité, accélérée par le gaoulé ( révolte, émeutes) de Saint-Pierre et notamment l’arrestation de l’esclave Romain. Que ce soit pour condamner de droite à gauche, et de manière ambiguë pour ménager leurs partisans, dans la perspective des élections territoriales de 2021; ou encore pour approuver le geste des deux jeunes femmes revendiquant, la destruction des monuments, comme l’a récemment fait le président de la CTM, la collectivité territoriale de Martinique.

Alors que les points de vue continuent d’abonder sur les réseaux sociaux, il est à noter le silence assourdissant de la communauté protestante évangélique, celle-ci semble d’ailleurs ne cultiver nulle mémoire de ses aînés abolitionnistes, entre autres : le Pasteur Benjamin-Sigismond Frossard (Suisse) Sojourner Truth (USA) et William Wilberforce (Royaume Uni). Confimerait-elle, par son refus d’ancrage territorial au profit de la globalisation sous toutes ses formes, qu’elle est devenue cet arbre sans racine, prophétisé par Marcus Garvey ? À l’heure de la nouvelle construction de l’église des Antilles, non de la poursuite de la soumission aux vieux schémas avilissants, gageons qu’elle permettra à ses ouailles d’accéder à la vérité totale afin de s’extirper des « jours étrangers. »

Fort-de-France, juin 2020, Patrick CADROT.

Chrétiens TV

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