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À l’école du fait religieux

Dans tous les cantons de Suisse romande, le fait religieux est abordé à l’école obligatoire. Un enseignement d’éthique et cultures religieuses est même prévu par le Plan d’études romand. Mais le cours est laissé à la liberté des cantons. Tour de Romandie.

Cette année encore, aucun écolier romand n’échappera à sa ration de fait religieux. Le sujet est au programme dans tous les cantons, alors même qu’il n’est soumis à aucune obligation. En effet, en marge du Plan d’études romand (PER), entré en vigueur en 2010, un enseignement d’éthique et cultures religieuses, mis en lien avec le domaine des Sciences humaines et sociales est prévu. Oui, mais voilà, l’enseignement fait partie des «Spécificités cantonales» du PER, qui précise noir sur blanc qu’«il revient aux cantons de déterminer si cet enseignement fait partie ou non de leur plan d’étude».

Les cantons peuvent aussi décider de son appellation, d’en faire un cours à part entière ou de l’intégrer, par exemple, à l’histoire. Il leur revient de juger de son caractère obligatoire ou non, comme de son évaluation, ainsi que de ses moyens d’enseignement. Face à tant de liberté pourtant, tous ont pris la même option: intégrer l’étude du fait religieux de façon neutre à la formation. Ainsi donc, le cours d’éthique et cultures religieuses se veut un lieu d’information et de connaissances factuelles sur les grandes traditions religieuses et humanistes.

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Un cours à part entière

Dans quatre cantons, on a fait le choix d’intégrer le cours d’éthique et cultures religieuses prévu par le PER à la grille horaire: Vaud, Valais, Fribourg et Jura bernois, allant d’une quinzaine d’heures annualisées pour certains jusqu’à 1,5 période hebdomadaire pour d’autres. Sur Vaud, on tient compte de la diversité des croyances dans la société actuelle. «Le plan d’études mentionne plus d’éléments sur l’interreligieux, sans trop insister sur les aspects bibliques», illustre François Sulliger collaborateur du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture vaudois.

«Nous souhaitons que tous les élèves puissent y participer», explique également Michel Beytrison, adjoint à la direction du Service de l’enseignement valaisan. Des «compléments valaisans» aux moyens d’enseignement prévus pour ce cours, validés par le Département et les Églises reconnues, sont en cours d’actualisation. Ils retracent l’histoire de communautés religieuses ou autres particularités spirituelles cantonales.

Du côté du Jura bernois et de Fribourg, l’enseignement est donné aux élèves à raison d’une période par semaine, avec un contenu inscrit dans la ligne romande.

L’exception jurassienne

Dans le canton du Jura aussi, on a pris le PER pour exemple. Mais ici, l’enseignement troque son appellation d’origine pour l’histoire des religions. Les élèves le suivent de la 3e à la 8e avant qu’il s’inscrive dans les cours d’histoire pour la fin de la scolarité. L’évolution a démarré au début des années 1990. «Avant l’enseignement était principalement lié à la religion chrétienne. Désormais, il est axé sur l’histoire des religions avec un focus sur la religion chrétienne», explique Anne-Lise Nagel, responsable de la section pédagogique du Service de l’enseignement du canton du Jura.

Des supports adaptés à chaque canton

Cantons laïcs, Genève et Neuchâtel ont décidé de ne pas enseigner l’éthique et les cultures religieuses sous la forme d’un cours à part entière aux élèves. Mais pas question de passer le fait religieux sous silence pour autant. Les connaissances font donc partie du programme d’histoire. Et depuis deux ans, des moyens d’enseignement complémentaires adaptés à ces deux cantons ont été réalisés en collaboration avec les éditions Agora, qui produisent l’intégralité des moyens pour le cours d’éthique et cultures religieuses sur mandat des départements cantonaux concernés. «À Genève, on est avant tout attaché à l’ancrage du fait religieux dans l’histoire, à Neuchâtel, on revendique aussi une dimension humaniste et il y a une ouverture à l’éthique», évoque Yves Dutoit, co-responsable des éditions Agora. Depuis 2018 à Genève et depuis la rentrée à Neuchâtel, les tout-petits (1e et 2e) se concentrent désormais sur les fêtes religieuses et civiles, les plus grands (9e) sur les récits d’origine du monde. À terme, l’enseignement du fait religieux s’étendra à tous les degrés de la scolarité obligatoire.

Dans le canton de Neuchâtel, c’est dans les années 1990 que le sujet est mis sur le tapis. «Après le drame de l’Ordre du Temple solaire et la recrudescence des sectes, la députée Michèle Berger-Wildhaber interroge le Grand Conseil sur l’utilité d’introduire des cours de religion à l’école tant au degré primaire, secondaire que secondaire supérieur. En 1999, le service de l’enseignement obligatoire décide d’intégrer l’étude des religions à l’histoire au secondaire I. Entre 2000 et 2009 des manuels et programmes sont mis en place, qu’il a fallu totalement reprendre avec l’avènement du PER et des moyens d’enseignement rattachés», rappelle Jean-Claude Marguet, chef du Service de l’enseignement obligatoire neuchâtelois. Désormais, «l’enseignement des cultures religieuses et humanistes contribue à l’ouverture et à la réflexion critique relatives aux interrogations sur le sens de la vie. Il met en évidence l’universalité des questionnements et des réponses et contribue aussi au débat», lit-on dans les objectifs du cours.

Les Églises à distance

L’ouverture va de pair avec une prise de distance des Églises. Ça commence par les moyens d’enseignement. Depuis 2012, les Églises chrétiennes n’ont plus le statut de membres de l’Association Éditions Agora aux côtés des départements cantonaux. Seuls ces derniers décident des orientations et contenus du matériel pédagogique édité: «C’est devenu une évidence pour tous qu’il faut séparer clairement les sphères entre la catéchèse, qui relève des Églises, et l’enseignement non confessionnel en éthique et cultures religieuses tel qu’il est prévu par le PER», précise Yves Dutoit. Aujourd’hui, pour créer les moyens d’enseignement, Agora collabore avec les départements cantonaux, des enseignants des degrés concernés pour une validation pédagogique, ainsi que des représentants des milieux académiques pour une validation scientifique. Quant aux représentants des communautés religieuses, ils sont sollicités au stade de la relecture finale, pour veiller au respect des sensibilités.

Les compétences présentes au sein du personnel des Églises sont pourtant reconnues. Dans le canton de Vaud, dès cet automne, les enseignants pourront, au besoin, recourir à des référents théologiques dont le nombre est encore à définir, issus des Églises réformée et catholique vaudoises reconnues comme partenaires. «Les compétences recherchées sont théologiques et non pastorales», précise à ce titre Laurent Zumstein, conseiller synodal de l’Église réformée vaudoise.

En Valais, pasteurs et prêtres, formés par les Églises reconnues, peuvent dispenser l’enseignement d’éthique et cultures religieuses en classe. «Ces personnes étant souvent plus à même d’aborder la question de l’histoire des religions et de l’éveil spirituel en général», formule Michel Beytrison. «Il revient aux départements cantonaux de poser les conditions de formation et d’engagement s’agissant de leurs enseignants», confirme Viridiana Marc, secrétaire générale adjointe de la Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande et du Tessin.

Pas de prosélytisme donc. Les Églises réformées et catholiques bénéficient toutefois d’une heure hebdomadaire à la grille horaire des écoliers valaisans et fribourgeois pour leur donner un cours cette fois-ci confessionnel. L’enseignement reste facultatif. Quant aux élèves exemptés, ils restent en classe pour travailler.

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