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Aux États-Unis, l’Église se vit toujours plus à table

Véritable phénomène outre-Atlantique, le mouvement des «church dinner» rassemble ses fidèles tant autour de la nourriture, de la foi que des amitiés.

Par une soirée d’été presque parfaite, une douzaine de personnes se sont rassemblées sur une couverture de pique-nique dans le Palmer Square Park de Chicago, entre les enfants jouant sur les équipements de la place de jeux et de jeunes adultes s’adonnant au frisbee sur la pelouse.

Accompagné par le crissement des pas des joggeurs sur le sentier de gravier qui longe l’étroite bande verte du quartier branché de Logan Square et le grondement d’un train régional, l’un des pique-niqueurs a pris un morceau de pain pita et l’a coupé en deux. «Ceci est notre corps», dit-il en le passant à la personne assise à côté de lui. Chaque personne a répété le geste, avant de plonger son morceau dans une pâte à tartiner provenant d’un restaurant voisin.

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Ce rassemblement n’était pas seulement un groupe d’amis de plus qui s’imprégnaient des derniers jours de l’été dehors. C’était une église.

« Pour les adeptes de ce mouvement, le rassemblement autour d’un repas constitue en soi une adoration – et non un autre repas-partage d’église après l’adoration. »

La Root & Branch Church de Chicago appelle ce service la «Table d’accueil». Plus largement, cette initiative participe à une tendance de plus en plus répandue aux États-Unis, à savoir le «dinner church», à laquelle prennent part des Églises de différentes confessions, aussi bien conservatrices que progressistes, urbaines ou rurales. Pour les adeptes de ce mouvement, le rassemblement autour d’un repas constitue en soi une adoration – et non un autre repas-partage d’église après l’adoration.

Plus qu’un concept cool

«Il est très important de reconnaître que ces «Eglises à table» ne sont pas une chose fondamentalement nouvelle, et qu’il ne s’agit pas simplement du dernier concept à la mode de l’Eglise», insiste Kendall Vanderslice, auteure de «Nous festoyerons. Repenser le repas, le culte et la communauté de Dieu*». «Manger ensemble a toujours été un élément central de l’Eglise, et ce pendant toute son histoire», rappelle la conférencière. «Foi et nourriture sont allés de pair depuis que Dieu a formé les humains à partir du sol pour qu’ils puissent jour de tout ce que Dieu a créé.»

Pour les chrétiens, la notion de repas fait également écho à la dernière Cène que Jésus a partagée avec ses disciples et à l’exemple de l’Église primitive. «L’histoire du ministère de Jésus est un ministère qui se déroule à travers les repas», poursuit-elle. «Ce n’est pas seulement une question de nourriture, c’est aussi une question de plaisir et de joie. Et il s’agit surtout de former une communauté.»

Faim de relations

Kendall Vanderslice admet cependant que «ce mouvement connaît actuellement un réel essor, en particulier auprès des millenials (soit cette génération née grosso modo entre les années 1980 et 2000, ndlr) qui ont soif de relations et de sens.» Pour cette spécialiste de la question, le phénomène des «Églises à table» répond avant tout à un «profond besoin de faire communauté Je pense vraiment que la solitude envahit chaque génération», poursuit-elle. Et d’émettre qu’à son avis, «cette solitude est en partie due au fait que l’Église a perdu de vue la notion communautaire».

Kendall Vanderslice a commencé à étudier le mouvement des «church dinner» en 2015, alors qu’elle suivait un programme d’études supérieures en alimentation à l’Université de Boston. Elle passe alors trois mois à assister aux dîners du jeudi soir à l’église Simple Church, près de Boston. Or, au moment où elle termine la rédaction de sa thèse, elle apprend qu’une trentaine de réunions semblables s’étaient déroulées dans la région.

Un essor fulgurant

«Assez rapidement, j’ai perdu le compte des églises dînatoires qui commençaient chaque semaine, chacune étant unique, répondant aux besoins d’une communauté et d’un contexte spécifiques», formule l’auteure. «Il ne peut y avoir de modèle universel, qui puisse être intégré dans n’importe quel contexte.»

Certaines Églises à table se réunissent dans des restaurants. D’autres, dans des jardins, où leurs membres cultivent la nourriture qu’ils mangeront ensemble. Presque toutes les church dinner que Kendall Vanderslice a rencontrées ont été inspirées par Sainte-Lydia de Brooklyn, une congrégation au sein de l’Église évangélique luthérienne en Amérique (ELCA) vieille de dix ans.

«La révérende Emily Scott a fondé l’église après avoir remarqué à quel point les New-Yorkais se réunissaient rarement pour un repas fait maison», explique la révérende Elsa Marty, l’actuelle pasteure de Sainte-Lydia. Convaincue que c’est pourtant là que les liens se tissent, Emily Scott a commencé à structurer les services autour d’un repas. L’Église Sainte-Lydia s’est d’abord rencontrée dans un appartement. Puis, elle a déménagé dans un bâtiment de l’église ELCA et un centre zen, avant d’atterrir dans une devanture de magasin.

En cours de route, l’Église a partagé son expérience avec d’autres congrégations à travers le pays. «C’est tout simplement agréable de voir à quel point ce concept s’épanouit dans de nombreux endroits différents à travers le pays», s’enthousiasme Elsa Marty.

Plus d’interactions

A présent, les services religieux bimensuels de l’église Sainte-Lydia s’étendent sur deux heures, explique l’actuelle pasteure. Ces rassemblements comprennent des chants, un temps de conversation «intégré au cœur du service» pendant le dîner, un bref sermon et les réponses des participants. Et ils se clôturent avec tout le monde qui nettoie ensemble.

Certaines personnes viennent à l’église de dîner parce qu’elles recherchent quelque chose de différent des services religieux auxquels elles ont assisté dans leur enfance. D’autres s’intéressent à un culte qui mobilise tous leurs sens. Et certains, soulève encore Elsa Marty, sont attirés par la possibilité de participer activement au service.

« Ici, tu ne peux pas t’asseoir sur le banc du fond. On est dans une vraie interaction humaine »
ELSA MARTY, PASTEUR DE L’ÉGLISE SAINTE-LYDIA À BROOKLYN

 

«Ici, tu ne peux pas t’asseoir sur le banc du fond. C’est un genre de culte où l’on s’engage vraiment», pointe encore Elsa Marty. «Je pense surtout aux jeunes millenials qui sont tellement derrière leurs écrans: ici on est dans une vraie interaction humaine.»

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