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France: 216.000 enfants auraient été victimes d’abus sexuels dans l’Eglise depuis 1950

La commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase) en France a estimé qu’au moins 216.000 mineurs avaient été victimes de tels abus depuis 1950, a annoncé mardi son président Jean-Marc Sauvé.

Dans un rapport de 485 pages et 2.000 pages d’annexes préparé depuis deux ans et demi, fondé sur l’analyse de nombreux documents et études, la Ciase évalue le nombre de pédocriminels dans l’Eglise pendant cette période entre 2.900 à 3.200, a précisé Jean-Marc Sauvé, confirmant un chiffre qu’il avait annoncé durant le week-end.

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S’exprimant à l’issue de la présentation du rapport que la Conférence des évêques de France (CEF) et la Conférence des religieux et religieuses de France avaient eux-mêmes commandé en 2018, le président de la CEF, Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort, a exprimé sa « honte » et son « effroi » et promis que ces révélations ne « resteraient pas sans suite ».

Le Vatican a exprimé de son côté l' »immense chagrin » du pape François pour les blessures des victimes et sa « gratitude pour leur courage de dénoncer » les abus qu’elles ont subis, après ces révalations qui entachent un peu plus l’image de l’Eglise, déjà affectée par des scandales du même type dans de nombreux autres pays.

Lors de la présentation du rapport, Jean-Marc Sauvé a livré une lecture implacable des abus au sein de l’Eglise de France et de l’absence de réaction coupable de cette dernière pendant des décennies.

« Sans la parole (des victimes), notre société serait encore dans l’ignorance ou le déni de ce qui s’est passé », a souligné l’ancien vice-président du Conseil d’Etat, insistant sur la place centrale accordée aux victimes dans le rapport.

MAJORITÉ DE GARÇONS DE 10 À 13 ANS

L’un de leurs représentants, François Devaux, président du collectif « La Parole libérée » à l’origine de la condamnation à cinq ans de prison du prêtre Bernard Preynat, qui a aussi valu au cardinal de Lyon, Philippe Barbarin, un procès pour non-dénonciation d’abus sexuels (il a bénéficié d’un non-lieu en appel), avait quelques instants plus tôt violemment mis en cause la hiérarchie catholique.

« Faites-nous l’économie de vos discours pharisiens et de vos belles publications », a-t-il lancé à l’intention des évêques qui l’écoutaient. « Vous êtes une honte pour notre humanité (…) Vous devez payer pour tous ces crimes. »

Jean-Marc Sauvé a précisé que l’appel à témoignages avait permis d’identifier 2.700 victimes, et l’étude des archives environ 4.800 autres. Mais ces chiffres ne représentent que la pointe émergée de l’iceberg, a-t-il dit.

« L’enquête de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a permis d’estimer à 216.000 le nombre de mineurs victimes de violences sexuelles dans l’Eglise », a dit le président de la Ciase, précisant que ce chiffre ne concerne que des personnes encore vivantes.

Même avec une marge d’erreur de 50.000, cette estimation signifie que 4% des victimes de violences sexuelles en France l’ont été au sein de l’Eglise catholique, une grande majorité des victimes de prêtres ou de clercs étant des garçons âgés de 10 à 13 ans, selon le rapport, alors que les violences touchent surtout les filles dans le reste de la société.

« L’Eglise est le milieu où, après les cercles familiaux et amicaux, la prévalence des violences sexuelles est la plus élevée… Devant l’école, les camps de vacances, le sport », a souligné Jean-Marc Sauvé.

« INDIFFÉRENCE CRUELLE »

Si l’on ajoute les violences sexuelles commises par des laïcs au sein d’institutions religieuses, l’estimation de l’Inserm s’élève même à 330.000 victimes, a-t-il ajouté.

Même si le nombre des victimes estimées tend à baisser à partir des années 1980, cette évolution est « à mettre en relation avec la baisse du nombre de prêtres et de religieux, mais aussi de la fréquentation des églises catholiques », a estimé Jean-Marc Sauvé.

« Le problème subsiste », a-t-il insisté, regrettant que l’Eglise ait manifesté pendant longtemps une « indifférence profonde, totale et même cruelle » pour la parole des victimes d’abus sexuels.

« L’Eglise peut et doit faire tout ce qui est nécessaire pour rétablir ce qui a été abîmé et reconstruire ce qui a été brisé », a conclu Jean-Marc Sauvé.

Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort, qui lui a succédé à la tribune, a promis que le temps du silence et du déni de l’Eglise était révolu.

« Par leur ampleur, ces nombres (de victimes) sont bien plus que préoccupants, ils sont accablants, ils ne peuvent en aucun cas rester sans suite, ils appellent des mesures très fortes », a estimé le président de la CEF et évêque de Reims.

Les conclusions de la Ciase démontrent que « toutes les relations structurantes de l’humanité peuvent être transformées en relations de prédation », a-t-il déploré.

« J’exprime ma honte, mon effroi, ma détermination à agir », a-t-il poursuivi, disant vouloir mettre en oeuvre les recommandations de la commission, qui a notamment appelé l’Eglise à reconnaître l’ensemble de ses responsabilités et à indemniser toutes les victimes sans délai.

(Reportage Tangi Salaün et Myriam Rivet, avec Giulia Segreti au Vatican, édité par Jean-Michel Bélot, Blandine Hénault et Sophie Louet)

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