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Quand un enfant des rues de Yaoundé découvre le kung-fu

Au sommet de la colline Nkol-Nyada à Yaoundé se dresse depuis les années 1980 le Palais des congrès, don de la Chine et l’un des édifices les plus grandioses du Cameroun. C’est dans son ombre que l’histoire de Fabrice Mba, enfants des rues et disciple de shaolin, a commencé.
Le petit Fabrice a grandi dans la rue. Sans papa et avec une mère ne s’en sortant pour cause de famille nombreuse, il a quitté en 1987, à l’âge de huit ans, sa ville natale de Sangmélima (sud) avec sa grande soeur pour s’installer dans la capitale. Ils ont alors habité non loin du Palais des congrès.
Tous les matins, il voyait un Chinois faisant des mouvements sur la place du Palais des congrès. Lui et ses amis, pieds nus et T-shirt déchiré, regardaient cet étranger et l’imitaient. « C’était très beau », se souvient-il.
Un jour, ce Chinois les a appelés, leur a demandé d’adopter une posture. Genoux légèrement pliés, bras levés comme si on enlaçait un arbre. « On est resté face au mur. Ça faisait tellement mal aux pieds, aux épaules et aux bras, si bien que mes amis ont fui et je suis resté seul », raconte Fabrice Mba.
Cette posture, appelée « zhan zhuang », appartient à l’entraînement de base des arts martiaux chinois. L’homme qui « maltraitait » le petit Mba était un technicien chinois affecté à l’entretien du Palais des congrès et les « très beaux » mouvements qu’il faisait étaient bien évidemment du kung-fu.
Depuis, Fabrice est venu tous les matins pour apprendre le kung-fu. « Il était très mince, mais en même temps très fort », dit-il de son enseignant, sans pouvoir dire son nom était Zhang ou Jiang.
Un an plus tard, l’enfant est rentré à Sangmélima. Comme son grand frère était projectionniste, il l’aidait souvent à balayer la salle de cinéma. Pour la première fois, il a vu sur l’écran les moines de Shaolin. « Ça m’a parlé très fort », se remémore Fabrice.
Après ses études, il est revenu à Yaoundé pour gagner son pain. La vie lui a fait plus de mal que la position du zhan zhuang. Chaque emploi ne durait pas bien longtemps et il ne savait pas quoi faire pour manger. Son ami, qui travaillait comme gardien d’une boulangerie, lui gardait parfois un peu de farine. « J’en avais sur les mains, le visage et dans les narines ».
« Je ne bois pas, je ne fume pas. Le kung-fu, c’est tout ce que j’ai », résume Fabrice qui a continué de pratiquer les arts martiaux en suivant des vidéos d’apprentissage. Pour trouver la paix intérieure, il s’entraînait le matin devant le Palais des congrès, comme le faisait son enseignant chinois.
En 2011, un professeur de l’Institut Confucius a croisé Fabrice Mba alors qu’il pratiquait le kung-fu. Après de courts échanges, le jeune homme a été invité à visiter cet établissement d’enseignement de la langue et de la culture chinoises. En très peu de temps, il s’est lié d’amitié avec les professeurs chinois qui croyaient beaucoup en lui. « J’ai enfin eu le sentiment de devenir moi », confie-t-il.
Quatre ans plus tard, après une sélection de dossiers par l’Institut Confucius, l’ancien enfant des rues a obtenu une bourse pour se former en Chine aux arts martiaux et à la médecine traditionnelle chinoise, et tout ça au temple de Shaolin.
« C’était exactement comme ce que j’ai vu dans les films », se souvient-il. Mais cette fois, il était dans l’autre côté de l’écran. « Les grands maîtres de Shaolin m’ont vraiment édifié et illuminé », assure Fabrice.
Entre 2015 et 2019, il s’est rendu trois fois au temple de Shaolin pour sa formation. A son retour à Yaoundé, il est devenu kinésithérapeute et, progressivement, ses revenus sont devenus constants. Quand il n’est pas occupé par ses patients aujourd’hui, Fabrice enseigne gratuitement les fondamentaux du kung-fu à l’Institut Confucius et dans plusieurs écoles à Yaoundé.
Pour Fabrice Mba, le kung-fu n’est présenté en Afrique que comme un simple art martial. Or, souligne-t-il, « en embrassant les arts martiaux chinois, j’ai découvert leur vertu ».
« Ce que le kung-fu enseigne au fond, c’est la production d’un homme de qualité. Quand un homme est riche de valeurs morales, il est plus facile pour lui d’être entouré des gens qui l’aiment et d’avoir des avancements dans la vie. Il ne peut plus faire certaines choses », explique-t-il.
Fabrice pense avoir réussi à transmettre ce message aux jeunes passionnés de kung-fu. « Il nous apprend à être un homme intègre, travailleur et respectueux. Si on a un problème avec son camarade, il faut garder son sang froid et prendre du recul », confie Emmanuel Ze, un de ses élèves.
Dans son recueil de poèmes publié en 2017 intitulé « Brèche dans un mur de pierres », Fabrice Mba décrit ses années difficiles comme un mur de désespoir. S’il a pu enfin ouvrir une brèche, c’est grâce à la Chine.
« Je viens avec une histoire (…) qui ressemble de plus en plus à celle d’un million d’Africains à qui la Chine a ouvert ses portes, à qui la Chine a changé de destin », écrit-il ainsi dans cet ouvrage autobiographique.
Ayant grandi dans la rue, il sait que de nombreux jeunes Africains ont besoin d’aide pour percer une brèche dans le mur de leur vie difficile. Il prépare actuellement un programme pour offrir gratuitement aux jeunes défavorisés de courtes formations en kinésithérapie afin qu’ils puissent trouver du travail.
« Sois ton propre patron », c’est le slogan de son programme baptisé « Lotus et Nénuphar », car « ce sont les seules fleurs qui sont capables de pousser dans un environnement pollué et réussir à produire des fleurs blanches », explique-t-il.
« J’étais un enfant de la rue, destiné à être un bandit ou un braqueur, mais j’ai découvert le kung-fu qui m’enseigne de devenir un homme d’excellence morale, même s’il n’a pas d’argent », résume Fabrice Mba.
Et de conclure : « Tous ces enfants qui sont en difficulté comme je l’étais, qui sont prédestinés à une mauvaise vie, peuvent être des lotus et des nénuphars si on leur donne la possibilité d’éclore ».

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