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Affaire Martinez Zogo: Et si Jean-Pierre Amougou Belinga était innocent?

L’assassinat du célèbre journaliste et animateur radio camerounais Martinez Zogo nous a tous scandalisés. Après l’émoi provoqué par son enlèvement et sa mort, le président Paul Biya a ordonné une enquête afin que toute la lumière soit faite sur la disparition du journaliste. Selon les informations obtenues par Reporters sans frontières (RSF), plusieurs membres des services de renseignement camerounais ont été arrêtés et un suspect ayant avoué avoir participé à l’assassinat du journaliste accuse Jean-Pierre Amougou Belinga d’être le commanditaire de ce crime odieux. Ces aveux sont-ils fiables ?

Martinez Zogo, de son vrai nom Arsène Salomon Mbani Zogo, a été enlevé le 17 janvier 2023 alors qu’il se rend chez lui après une longue journée de travail. L’enlèvement a lieu autour de 20h devant le poste de gendarmerie de Nkol-Nkondi à Yaoundé. Les gendarmes découvrent également sa voiture dont la carrosserie est accidentée. Il est retrouvé mort le 22 janvier 2023 à Ebogo, localité située à 15 km de Yaoundé. Il est retrouvé complètement nu, dans un état de décomposition avancée, avec le corps mutilé.

Les réactions fusent

La fédération des éditeurs de presse du Cameroun a tenu à rendre un vibrant hommage à Martinez Zogo en se réunissant à son lieu de travail et en demandant justice auprès du ministre de la communication.

Le syndicat national des journalistes du Cameroun, dans un communiqué officiel publié le 22 janvier 2023, a qualifié la mort de Martinez Zogo « d’assassinat odieux » et a invité les personnalités des médias à se vêtir en noir le 25 janvier 2023 pour porter le deuil.

Le 20 janvier dernier, le gouvernement camerounais a réagi en publiant un communiqué de presse signé du Ministre de la communication René Sadi, affirmant que le gouvernement suit l’affaire avec intérêt et que les instructions ont été données afin que toute la lumière soit faite sur la disparition de Martinez Zogo.

L’enquête DGSN / SED ordonnée par Paul Biya

L’enquête DGSN / SED ordonnée par le président Paul Biya a été confiée à Galax Yves Landry Etoga. Elle a déjà conduit à l’interpellation d’une vingtaine de personnalités.

Léopold Maxime Eko Eko, responsable des services de renseignements camerounais, est en garde à vue avec le statut de suspect. L’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga, le journaliste Bruno Bidjang et l’ancien colonel Raymond Thomas Etoundi Nsoe ont été arrêtés à Yaoundé le 6 février 2023. Les trois sont interrogés par le Secrétariat d’État à la Défense suite à une enquête policière et gendarmerie. Les résidences d’Amougou Belinga ainsi que les téléphones des personnes arrêtées ont été fouillés.

Justin Danwe serait passé aux aveux

Justin Danwe, directeur des opérations spéciales de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), a fait « des aveux rédigés de sa propre main au cours de son interrogatoire » pour livrer un un récit détaillé du plan macabre mis en place pour faire taire Martinez Zogo, selon RSF qui précise que ce dernier reconnaît sa propre implication et assure avoir prévenu son supérieur.

Le patron du service de contre-espionnage, Léopold Maxime Eko Eko, a nié avoir été mis au courant du projet visant à tuer le présentateur d’Amplitude FM.

Justin Danwe va plus loin en décrivant de manière une opération de filature qui aurait duré une semaine pour connaître les habitudes de Martinez Zogo jusqu’à son enlèvement dans la soirée du 17 janvier par des éléments de la DGRE, dont Justin Danwe lui-même, qui dit avoir constitué le groupe.

Jean-Pierre Amougou Belinga

Après son enlèvement, Martinez Zogo aurait été amené dans un immeuble en construction qui appartiendrait à Jean-Pierre Amougou Belinga. Ce dernier aurait asséné des coups à Martinez Zogo dans le sous-sol de son immeuble. L’homme d’affaires aurait alors appelé Laurent Esso, le garde des Sceaux dont il est proche, afin de lui demander quel sort réserver au présentateur d’Amplitude FM. D’après ce témoignage, le ministre lui aurait alors répondu de “finir le travail” pour éviter une nouvelle affaire Paul Chouta, un journaliste laissé pour mort au bord d’une route l’année dernière, après avoir été passé à tabac par un mystérieux commando, qui n’a jamais été identifié.

Il est précisé que Jean-Pierre Amougou Belinga n’aurait pas assisté à la “fin du travail” que Justin Danwe reconnaît avoir effectué avec ses hommes. Selon des informations obtenues d’une source médicale par RSF, le corps du journaliste a été sévèrement mutilé : doigts coupés, multiples fractures au niveau des bras et des jambes, barre de fer enfoncée dans l’anus.

Pourquoi des « aveux écrits »?

RSF parle des « aveux écrits », sans préciser dans quelles circonstances. Qu’est-ce qui permet de savoir que ces aveux n’ont pas été obtenus par un stratagème déloyal? Justin Danwe a-t-il bénéficié de la présence d’un avocat durant son audition? 

Plus important encore, le développement des moyens techniques d’enquête tels que la géolocalisation, la surveillance électronique, l’autopsie, l’infiltration et les prouesses en matière d’ADN ont changé l’appréhension des aveux dans les procédures pénales allant parfois jusqu’à le discréditer. Ces moyens ont-ils été utilisés dans cette affaire?

Et si Amougou Belinga était innocent ?

D’après RSF, le directeur des opérations spéciales des services de renseignement camerounais aurait avoué avoir pris part à l’enlèvement et aux tortures infligées à Martinez Zogo, le 17 janvier 2023. 

Dans ses aveux consultés par RSF, Justin Danwe présenterait Jean-Pierre Amougou Belinga comme l’instigateur ayant voulu se venger de l’animateur de l’émission « Embouteillages ».

Une partie de l’opinion doute qu’un simple citoyen ait pu contraindre le directeur des opérations spéciales de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE) de commettre ce crime crapuleux.  

Naturellement, des voix s’élèvent dans certains médias pour dénoncer ce qu’elles appellent « la construction d’un coupable idéal » au nom de Jean-Pierre Amougou Belinga, selon l‘Agence Ecofin. Cette dernière précise que Reporter Sans Frontières, dont la vocation reste en principe la défense de la liberté d’expression, traite les tenants de cette thèse de « mercenaires de la désinformation » et prévient que ces derniers « pourraient (…) être inquiétés ».

Me Charles Tchoungang, avocat de Jean-Pierre Amougou Belinga, parle d’une « cabale médiatique », d’une « campagne à sens unique » et affirme que son client perçoit ce qui lui arrive comme une « machine en marche contre lui ».

RSF, porte-parole de fait de la commission d’enquête

L’Agence Ecofin s’interroge sur le silence des autorités camerounaises et le rôle de RSF qui s’est positionné en porte-parole de fait dans l’enquête très sensible sur l’enlèvement et l’assassinat du journaliste et animateur radio Martinez Zogo:

« RSF égrène les révélations et semble avoir un accès direct et détaillé aux éléments de l’enquête que la presse camerounaise ne peut que relayer. L’ONG va même jusqu’à annoncer la prochaine arrestation de ‘mercenaires de la désinformation’ qui mettent en doute la version des faits qu’elle ‘révèle’. »

En l’absence des déclarations officielles sur l’évolution de l’enquête, les « révélations » de RSF sont désormais reprises par la majeure partie des médias camerounais et internationaux, précise l’Agence Ecofin.

« Les procédures judiciaires dans le pays sont pourtant encadrées par le principe du secret et on peut aujourd’hui questionner les objectifs de ceux qui ont choisi RSF comme principal relai de ces ‘fuites’ ».

Chrétiens TV

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