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Retraites: Tensions alors que le gouvernement refuse une « médiation »

PARIS (Reuters) – Des incidents ont émaillé mardi en France la dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, en marge de manifestations globalement pacifiques, alors que le gouvernement a provoqué la colère des syndicats en rejetant abruptement leur demande de « pause » de la réforme le temps de mener à bien une « médiation ».

A Paris, la place de la Nation et ses environs ont donné lieu à des heurts entre des groupes d’individus vêtus de noir et les forces de l’ordre, notamment durant la délicate phase de dispersion, alors qu’il s’agissait du terminus du cortège dans la capitale. Du gaz lacrymogène a été lancé.

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Des affrontements ont eu lieu aussi dans d’autres « points chauds », notamment à Rennes, Bordeaux et Toulouse. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a indiqué via Twitter en fin de soirée que 201 interpellations ont été effectuées dans le pays.

Ces troubles étaient toutefois d’une ampleur moindre que ceux survenus jeudi dernier, lors du précédent acte de la mobilisation nationale, alors qu’un dispositif de sécurité présenté comme « sans précédent » par Gérald Darmanin était en place, avec 13.000 policiers et gendarmes déployés à travers le pays, dont 5.500 à Paris.

L’intersyndicale, qui n’entendait pas relâcher la pression sur l’exécutif après les violents affrontements de jeudi mais aussi un rassemblement contre les « méga-bassines » ce week-end à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), a appelé à une nouvelle journée de grève et manifestations le jeudi 6 avril.

Invité dans la matinée sur France Inter, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a appelé l’exécutif à un « geste fort », une « pause » de la réforme.

« Il y a une profonde contestation. Ce serait une folie de la part de ceux qui nous gouvernent de ne pas prendre le temps de temporiser », a répété le dirigeant du syndicat réformiste, qui a confirmé avoir eu l’Elysée au téléphone la semaine dernière.

« Il faut qu’on rentre dans un processus de médiation. Il faut qu’on mette sur pause la mesure » de relèvement de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, a-t-il plaidé, précisant s’exprimer au nom de l’intersyndicale.

Le secrétaire général sortant de la CGT, Philippe Martinez, a confirmé au départ d’une manifestation à Clermont-Ferrand que l’ensemble des syndicats étaient sur la même ligne, ajoutant que l’intersyndicale allait formuler cette proposition par écrit au président Emmanuel Macron.

L’EXÉCUTIF JOUE LA MONTRE

Cette proposition a été bien accueillie par les élus du parti centriste MoDem, membre de la coalition gouvernementale, mais elle a été presque aussitôt repoussée par le porte-parole du gouvernement.

« Nous estimons qu’il n’y a pas lieu d’avoir une médiation quand on peut se parler directement », a déclaré Olivier Véran à la sortie du conseil des ministres.

Alors qu’Emmanuel Macron s’était dit vendredi disposé à recevoir l’intersyndicale pour discuter de sujets liés au travail, mais pas des retraites, les services d’Elisabeth Borne ont fait savoir en fin de journée que la Première ministre avait convié l’intersyndicale à Matignon pour une réunion, lundi ou mardi prochain.

Plus tôt, le porte-parole du gouvernement a rappelé la position de l’exécutif de vouloir attendre que le Conseil constitutionnel se prononce sur le texte de loi – il a jusqu’à mi-avril pour le faire.

« Nous proposons de discuter pour avancer, non pas pour revenir en arrière sur une loi qui vient d’être adoptée », a asséné Olivier Véran.

Cette nouvelle fin de non-recevoir, après le refus d’Emmanuel Macron d’inviter les syndicats pendant que le projet de loi suivait son parcours parlementaire, avait provoqué la colère de Laurent Berger.

« C’est insupportable que la réponse soit une fin de non-recevoir », a tempêté le leader de la CFDT avant le départ de la manifestation parisienne. « On ne peut pas dire qu’on nous tend la main », a-t-il déploré.

MOBILISATION ACCRUE DES JEUNES

L’unité historiquement exceptionnelle de l’intersyndicale, qui réunit les huit principaux syndicats de travailleurs et cinq organisations de jeunesse, ne donne pour le moment aucun signe de faiblesse, malgré le durcissement du mouvement dont les deux camps se rejettent la responsabilité.

Alors que les opérations coup de poing, blocages, barrages filtrants et manifestations non déclarées se multiplient depuis le recours du gouvernement à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter son projet de loi sans vote à l’Assemblée nationale il y a bientôt deux semaines, il y avait moins de monde dans la rue ce mardi, par rapport à jeudi, de l’aveu même des responsables syndicaux.

Selon les données du ministère de l’Intérieur, les manifestations ont rassemblé 740.000 personnes à travers le pays.

En revanche, les perturbations dues aux grèves restaient significatives dans de nombreux secteurs comme les transports, l’éducation ou encore la collecte des ordures.

La CGT a toutefois annoncé dans un communiqué que la grève prendrait fin à partir de mercredi dans les usines de traitement des déchets de la région parisienne, sous l’effet de la baisse du nombre de grévistes et des opérations de déblocage menées par les forces de l’ordre.

C’est dans le secteur de l’énergie que la mobilisation demeure la plus soutenue. Six des sept raffineries de pétrole françaises étaient ainsi à l’arrêt ou en fonctionnement réduit lundi, ce qui se traduit par des difficultés d’approvisionnement dans les stations-service.

Environ 17% des stations manquaient d’au moins un type de carburant mardi matin au niveau national, selon le ministère de l’Energie, un chiffre qui s’élève à 29% en région parisienne qui était jusqu’à présent relativement épargnée par ces difficultés.

Autre évolution surveillée par l’exécutif, le rajeunissement du mouvement de contestation, avec l’arrivée dans les cortèges de davantage d’étudiants et de lycéens et des blocages de plus en plus nombreux d’universités, une vingtaine mardi matin selon le syndicat étudiant Unef, qui a par ailleurs revendiqué 400.000 jeunes manifestants dans toute la France ce mardi, dont 70.000 à Paris.

(Rédigé par Tangi Salaün, avec la contribution de Jean-Stéphane Brosse, Bertrand Boucey et Elizabeth Pineau, édité par Blandine Hénault, Kate Entringer et Jean Terzian)

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