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Macron cherche la porte de sortie d’un conflit dans l’impasse

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) – Isolé dans son intransigeance, Emmanuel Macron cherche la porte de sortie au long conflit sur l’impopulaire réforme des retraites qui affaiblit le gouvernement d’Elisabeth Borne et craquelle une majorité en plein doute.

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Un chef de l’Etat surnommé « roi du blabla », à qui « il faut couper la tête, peut-être », était la cible principale des slogans et des pancartes lors des dernières manifestations émaillées de violences qui ont rassemblé des centaines de milliers de personnes, dont beaucoup de jeunes.

Une onzième journée de mobilisation est prévue le 6 avril, alors que le Conseil constitutionnel, saisi par Matignon et les oppositions, se prononcera huit jours plus tard sur la conformité du texte avec la Loi fondamentale et l’organisation d’un Référendum d’initiative populaire (RIP) sur la réforme qui repousse l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.

« En attendant, on ne peut pas faire autre chose que le dos rond et voir ce qui se passe dans la rue », déclarait mardi une source gouvernementale en marge du conseil des ministres. « Dans les deux-trois jours qui viennent, il faut accélérer pour reprendre le contrôle de la communication, remettre tout le monde d’équerre ».

Face à la crise, « il faut garder son sang froid », acquiesce une autre source gouvernementale interrogée par Reuters. « Ce qui m’inquiète, c’est qu’on s’enlise sur trois semaines de consultations qui ne déboucheront sur rien. D’où la tentation du président de reprendre la main. »

Soucieux de passer à autre chose tout en répondant aux préoccupations des Français, le président est ce jeudi dans les Hautes-Alpes pour présenter un « plan eau » face à la sécheresse.

« NOUS SOMMES LOYAUX. POUR L’INSTANT. »

De son côté, Elisabeth Borne poursuit ses pourparlers avant un déplacement dans la Nièvre sur le thème de l’éducation.

Alors que la CGT réunie en congrès choisit un successeur à Philippe Martinez, le leader de la CFDT, Laurent Berger, a accepté l’invitation de venir la semaine prochaine à Matignon où il proposera de mettre la réforme en « pause », et une médiation.

Une idée accueillie avec bienveillance par le MoDem, principal allié du camp présidentiel à l’Assemblée, mais repoussée par le gouvernement, partisan d’un dialogue direct.

A l’image de cet épisode, doutes et frictions traversent la majorité notamment à Horizons, dont au moins deux membres ont menacé de ne pas voter la réforme des retraites finalement adoptée via l’article 49.3 de la Constitution, ce qui radicalisé la contestation et déçu une partie du camp présidentiel.

« Nous sommes loyaux pour l’instant. Pour l’instant », a déclaré à Reuters sous couvert d’anonymat un membre du parti d’Edouard Philippe, qui a tenu congrès la semaine dernière.

Des députés Renaissance ont dit leur inquiétude à l’image de Gilles Le Gendre, qui a demandé dans Libération à l’exécutif d’éviter tout « déni » face à la « gravité du moment ».

Pour son collègue Patrick Vignal, des choses doivent être corrigées pour rendre « l’Assemblée nationale plus humaine ».

« Les députés, les ministres doivent aller sur le terrain, quitte à se faire engueuler », a dit à Reuters le député issu de la gauche, alors de nombreux élus de la majorité ont été la cible de violences et d’intimidations. « Souvent les éléments de langage ça ne va pas. Les gens sentent la sincérité ou pas. »

« COUTEAUX TIRÉS » CONTRE BORNE

Comme lui, une ministre a aussi remarqué les « couteaux tirés » dans le dos d’Elisabeth Borne, décrite par des responsables anonymement cités dans des articles de presse comme raide ou en désaccord avec Emmanuel Macron.

Une conseillère gouvernementale interrogée par Reuters y voit une « lutte classique de bas étage pour voir qui sera le prochain Premier ministre. »

« Mais on n’achète pas le président de la République à coups de ‘off’ putassiers, il n’aime pas se faire dicter les choses dans les journaux », ajoute-t-elle.

« Des Premiers ministres qui ont le courage, le cran, la ténacité, la témérité d’Elisabeth Borne, il n’y en a pas eu beaucoup. Surtout dans le contexte d’une absence de majorité absolue à l’Assemblée, avec une réforme difficile à défendre », renchérit le député Renaissance Sacha Houlié.

De l’avis des analystes, Emmanuel Macron n’aurait pas forcément intérêt à changer de Première ministre, à qui il a renouvelé sa confiance la semaine dernière.

« On a l’impression que l’exécutif est perdu, il y a un sentiment de blocage », a dit à Reuters Frédéric Dabi, directeur général de l’institut de sondages Ifop. « Un retrait de la loi sonnerait la fin du macronisme, une dissolution rendrait le pays encore plus ingouvernable. Un remaniement montrerait que le président écoute mais aurait une portée limitée. »

Des doutes partagés par Jean-Daniel Lévy, de Harris interactive. « Le problème n’est pas de savoir qui on met à Matignon ou dans le gouvernement mais de savoir ce qu’on va faire. »

(Reportage Elizabeth Pineau avec Leigh Thomas, Juliette Jabkhiro, John Irish et Michel Rose, édité par Blandine Hénault)

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