France : Marion Maréchal sur le point de lâcher la présidente du RN ?
PARIS (Reuters) – Marion Maréchal, nièce de la présidente du Rassemblement national, confirme vendredi au Figaro songer à soutenir Eric Zemmour pour l’élection présidentielle, une défection de taille, à la douloureuse symbolique, pour Marine Le Pen qui s’en trouve fragilisée à 72 jours du premier tour.
Après les ralliements de Jérôme Rivière et Gilbert Collard, figures de l’ex-FN, au candidat de « Reconquête », l’ancienne députée du Vaucluse, qui s’était retirée de la politique il y a cinq ans pour se consacrer à l’Issep, son institut de sciences sociales, économiques et politiques à Lyon, a commencé jeudi à instiller le poison du doute en confiant au Parisien réfléchir à rallier « Eric ».
Un projet que semblent entériner ses déclarations publiées vendredi dans Le Figaro, bien que la petite-fille de Jean-Marie Le Pen assure mesurer les risques d’une telle « fracture » familiale.
« La cohérence, la vision, la stratégie font que je penche pour Eric Zemmour, c’est certain. Mais il y a un sujet familial », dit-elle dans le quotidien.
« Contrairement à Marine Le Pen, Eric Zemmour dispose encore d’une large marge de progression », estime-t-elle, alors que les sondages d’intentions de vote placent pour l’heure Marine Le Pen devant le polémiste d’extrême droite pour le premier tour.
Signe du trouble familial, le patriarche Jean-Marie Le Pen a annoncé vendredi sur Twitter qu’il s’entretiendrait « dans les prochains jours » avec Marine Le Pen et Marion Maréchal.
« J’exprimerai ma pensée ultérieurement quand je le jugerai utile à la clarté des débats présidentiels et législatifs à venir », ajoute-t-il, sybillin.
« BRUTAL »
Avocate de l’union des droites, Marion Maréchal salue la volonté d’Eric Zemmour de lever le « cordon sanitaire » entre la droite dite « républicaine » et l’extrême droite, accusant sa tante de n’avoir jamais souhaité « la disparition de cette ligne de démarcation ».
La jeune femme, qui attend à 32 ans un deuxième enfant, laisse percer son intérêt pour les élections législatives, affirmant balancer entre une circonscription bretonne et son ancien fief du Vaucluse.
L’esquisse de ce coup de poignard a de toute évidence ébranlé Marine Le Pen, qui brigue l’Elysée pour la troisième fois.
« C’est brutal, c’est violent, c’est difficile pour moi », a déclaré la présidente du RN sur CNEWS vendredi matin, avant la parution de l’article du Figaro.
Marine Le Pen a fait part également de son « incompréhension politique ».
« Elle avait indiqué qu’elle soutiendrait celui qui est le mieux placé. Incontestablement, je suis beaucoup mieux placée aujourd’hui qu’Eric Zemmour puisque je suis donnée au second tour et je crois – compte tenu des sondages – en capacité de gagner face à Emmanuel Macron », a-t-elle souligné.
Dans Le Parisien, Marion Maréchal considère qu’Eric Zemmour « a une marge de progression plus grande chez les classes populaires et les abstentionnistes que Marine Le Pen auprès des classes supérieures ».
(Rédigé par Sophie Louet, édité par Nicolas Delame)