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Inquiétudes autour d’une « mainmise » américaine sur Latécoère

par Julie Rimbert

TOULOUSE (Reuters) – Syndicats et responsables politiques s’inquiètent d’une possible mainmise américaine sur Latécoère à la veille de la clôture d’une OPA amicale du fonds d’investissement Searchlight Capital sur l’équipementier aéronautique français.

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Searchlight Capital Partners, qui a déjà acquis 26% du capital de l’entreprise toulousaine en avril 2019, a lancé le 28 juin dernier une OPA au prix de 3,85 euros par titre, pour racheter les 74% restants de la société qui emploie près de 1.500 personnes en France. L’offre valorise ainsi l’équipementier français à 365 millions d’euros.

Le fonds américain avait précisé en juin apporter « tout son soutien à l’équipe de direction et à la stratégie » de Latécoère, spécialisée dans les aérostructures (fuselage, portes), les systèmes d’interconnexion et le câblage.

Quid des innovations technologiques de l’équipementier qui affiche 659 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018?, s’interrogent syndicats et responsables locaux.

« C’est invraisemblable que cet acteur industriel majeur pour la filière aéronautique régionale soit dirigé par des fonds étrangers qui pourraient mettre la main sur des technologies importantes », estime Jean-Louis Chauzy, président du Conseil économique, social, et environnemental régional d’Occitanie, qui a écrit à ce sujet en septembre au Premier ministre.

« Je ne suis pas opposé aux fonds d’investissements étrangers, mais pas quand ils peuvent capter des pépites françaises », souligne-t-il, prenant comme référence l’ex-usine de connecteurs électriques Molex où les Américains s’étaient emparés de brevets dans le secteur automobile.

« Face aux Etats-Unis et à la Chine, il faut un peu de patriotisme économique, ce n’est pas un gros mot », poursuit-il, ajoutant qu’il compte saisir le comité stratégique de la filière aéronautique.

« NOUS AVONS BESOIN DE STABILITÉ »

Fin novembre, ce sont 17 députés de la commission de la Défense nationale et des Forces armées qui ont écrit au Premier ministre.

« Cette opération soulève de nombreuses questions pour la préservation du savoir-faire de la base industrielle et technologique de Défense française, au moment même où l’on défend le concept d’autonomie stratégique européenne face à l’extraterritorialité du droit américain et la réglementation ITAR », plaident-ils dans leur courrier.

Latécoère a développé une innovation technologique, le LiFi, un équivalent du Wifi cent fois plus rapide, activé par la lumière, qui devrait avoir des débouchés importants dans la cybersécurité et le transfert de données d’ici à quelques années.

« Le comité d’entreprise a été consulté en juillet et a auditionné Searchlight qui n’est aucunement en mesure d’apporter ce dont Latécoère a besoin », affirme Florent Coste, secrétaire général de la CGT chez l’équipementier aéronautique, précisant que le fonds d’investissement est enregistré aux îles Caiman.

Après la prise de contrôle des fonds d’investissement anglo-saxons Apollo et Monarch dans Latécoère fin 2015 à avril 2019 à la faveur d’une restructuration financière du groupe, très endetté, l’équipementier toulousain a subi un plan social avec la suppression de 200 postes.

« Nous avons besoin de stabilité, mais ce n’est pas l’arrivée de Searchlight qui va l’apporter, car nous craignons une mainmise sur les brevets. L’Etat se dit intéressé par la situation de Latécoère, mais il ne fait pas barrage à cette opération », estime le syndicaliste.

Le gouvernement a autorisé l’OPA de Searchlight en imposant au fonds américain de rétrocéder 10% du capital de Latécoère à un investisseur agréé par l’Etat, le fonds tricolore Tikehau Capital.

« Ce n’est pas suffisant puisque l’Etat reste minoritaire et ne pourra pas vraiment peser dans les décisions », argue Florent Coste, qui plaide pour un soutien de la Banque publique d’investissement (BPI).

(Edité par Sophie Louet)

Chrétiens TV

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