Iran: L’embargo sur les armes voulu par les USA rejeté à l’Onu
NEW YORK (Reuters) – Les Etats-Unis n’ont pas obtenu vendredi une extension de l’embargo sur les ventes d’armes à l’Iran, alors que la Russie a proposé un sommet à sept pour éviter une « confrontation » sur fond de menace de Washington de déclencher un retour à l’ensemble des sanctions internationales contre Téhéran.
Au cours d’un vote au Conseil de sécurité des Nations unies, la Russie et la Chine, alliées de Téhéran, ont opposé leur veto à une proposition américaine visant à prolonger l’embargo sur les ventes d’armes à l’Iran.
Onze pays membres, parmi lesquels la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, se sont abstenus tandis que la République dominicaine a été la seule – avec les Etats-Unis – à voter en faveur du texte.
« L’incapacité du Conseil de sécurité à agir de manière décisive pour défendre la paix et la sécurité internationales est inexcusable », a réagi dans un communiqué le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo.
L’Iran a estimé samedi que la décision de l’ONU était une défaite humiliante pour les Etats-Unis.
« Le grand succès a été que les États-Unis ont été vaincus dans cette conspiration avec humiliation », a dit le président iranien Hassan Rohani dans une allocution télévisée.
L’ambassadeur chinois à l’Onu, Zhang Jun, a déclaré à l’issue du vote que le résultat « montre une nouvelle fois que l’unilatéralisme ne reçoit aucun soutien et que le harcèlement va échouer ».
Washington pourrait désormais mettre en oeuvre sa menace de déclencher le « snapback », un mécanisme intégré à l’accord de 2015 sur le programme nucléaire de l’Iran qui permet un retour automatique au régime de sanctions internationales contre Téhéran qui prévalait auparavant.
« ILLÉGAL »
Des diplomates ont indiqué que les Etats-Unis pourraient lancer ce processus dès la semaine prochaine mais que cela devrait donner lieu à une bataille acharnée, alors que l’administration Trump s’est retirée en 2018 du Plan d’action global commun (PAGC) signé à Vienne en juillet 2015.
« Dans les prochains jours, les Etats-Unis vont donner suite à cette promesse de ne reculer devant rien pour prolonger l’embargo sur les armes », a dit dans un communiqué l’ambassadrice américaine à l’Onu, Kelly Craft.
Un éventuel « snapback » aurait certainement pour effet de tuer le PAGC, alors que Téhéran a déjà commencer à violer des termes de l’accord en réponse au retrait de Washington et à la réimposition de sanctions américaines unilatérales.
« L’imposition de quelconques sanctions ou restrictions contre l’Iran par le Conseil de sécurité donnera lieu à une réponse ferme de l’Iran et nos options ne sont pas limitées », a prévenu l’ambassadeur iranien aux Nations unies.
« Les Etats-Unis et toute entité qui pourrait soutenir ou accepter ce comportement illégal en porteront l’entière responsabilité », a ajouté Majid Takht Ravanchi dans un communiqué.
Plus tôt dans la journée, le président russe Vladimir Poutine a proposé la tenue d’un sommet virtuel avec les Etats-Unis et les parties toujours prenantes de l’accord de 2015 – France, Allemagne, Grande-Bretagne, Chine et Iran – en vue d’éviter une escalade à l’Onu à propos de l’Iran.
La France est disposée à prendre part à cette réunion, a fait savoir l’Elysée.
A la question de savoir s’il participerait aux discussions, le président américain Donald Trump a déclaré à des journalistes: « J’ai entendu qu’il y avait quelque chose, mais on ne m’en a pas encore parlé ».
(Michelle Nichols, avec Gabrielle Tétrault-Farber à Moscou; version française Jean Terzian)