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Erdogan appelle les Turcs à boycotter les produits français

par Christian Lowe et Tuvan Gumrukcu

PARIS/ANKARA (Reuters) – Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé lundi ses compatriotes à cesser d’acheter des produits français, une nouvelle étape dans la montée de la tension entre Ankara et Paris au sujet de la lutte contre l’islamisme en France.

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Plus généralement, les propos d’Emmanuel Macron défendant le droit à la caricature, y compris de Mahomet, en France après l’assassinat du professeur d’histoire Samuel Paty, suscitent des critiques voire de la colère dans une partie du monde musulman.

Au Bangladesh, des manifestants ont brandi lundi des pancartes avec une caricature du président français et la légende « Macron est l’ennemi de la paix ».

Le Pakistan a pour sa part convoqué l’ambassadeur de France à Islamabad pour émettre une protestation officielle et ses députés ont adopté une résolution non-contraignante pour réclamer le rappel de l’ambassadeur en France.

C’est néanmoins de Recep Tayyip Erdogan que viennent les critiques les plus virulentes contre Emmanuel Macron alors que la France et la Turquie, pourtant toutes deux membres de l’Otan, s’opposent déjà vivement sur la situation en Libye, sur les souverainetés maritimes en Méditerranée orientale ou encore sur le conflit au Haut-Karabakh.

Le chef de l’Etat turc a ainsi répété lundi pour une troisième journée consécutive que son homologue français devrait se faire soigner, une affirmation qui a déjà conduit ce week-end la France à rappeler son ambassadeur en Turquie.

« De la même manière qu’ils disent en France ‘n’achetez pas des produits de marques turques’, j’appelle tous mes concitoyens à ne pas aider les marques françaises ou à en acheter », a dit Recep Tayyip Erdogan.

Selon l’institut statistique turc, la France est la dixième source d’importations en Turquie et elle est la septième destination des produits turcs. Les automobiles françaises notamment sont très populaires dans le pays.

Pour Recep Tayyip Erdogan, les dirigeants européens doivent se hâter de « mettre fin aux projets anti-islam et à la campagne de haine » du président français.

Dans une note publiée lundi soir, l’ambassade de France à Ankara a recommandé aux ressortissants français en Turquie de faire preuve de la plus grande vigilance en raison du contexte « local et international », leur conseillant d’éviter les manifestations ou rassemblements dans les lieux publics.

UN BOYCOTT « CIRCONSCRIT » ET « LIMITÉ »

Interrogé sur RTL, le ministre délégué au Commerce extérieur Franck Riester a dénoncé des propos « indignes » tout en excluant toute mesure réciproque de rétorsion contre la Turquie, ajoutant que le boycott était pour l’heure très « circonscrit et limité ».

« Il y a eu (…) un emballement, une tentative d’instrumentaliser les propos du président de la République et les actions menées par le gouvernement contre le terrorisme islamiste pour essayer de faire un amalgame par rapport à ce que serait la position de la France sur l’islam. Mais nous prenons beaucoup de temps pour expliquer que ce n’est évidemment pas le cas », a-t-il dit.

« Nous protégerons et nous soutiendrons nos entreprises face aux menaces de boycott dont elles font l’objet », a assuré de son côté le ministre de l’Economie Bruno Le Maire devant l’Assemblée nationale. « Ces pratiques de boycott sont inacceptables. Elles le sont encore plus quand elles répondent à une politique qui ne vise qu’à défendre la liberté et la liberté d’expression. La France n’attaque personne, la France ne cible personne. »

Le président du Conseil français du culte musulman, Mohammed Moussaoui, a lui aussi rejeté les appels au boycott, après avoir été reçu par Emmanuel Macron.

« Les appels au boycott peuvent nuire à notre cohésion s’ils sont suivis par les musulmans de France. C’est pour cette raison que nous disons: attention à la division, attention à ceux qui veulent séparer les musulmans de France du reste de leurs concitoyens », a-t-il dit à la presse.

« Lorsque notre pays est dénigré, lorsque les intérêts de notre pays sont mis en cause, les musulmans de France doivent agir en tant que citoyens et défendre les intérêts de leur pays », a insisté Mohamed Moussaoui.

SOUTIENS EUROPÉENS

Emmanuel Macron a également reçu le soutien de plusieurs pays européens, comme l’Italie ou les Pays-Bas qui ont jugé les propos du président turc « inacceptables ». Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a lui aussi dénoncé les attaques personnelles contre le président français.

Cet appel au boycott de produits français ne se résume toutefois pas à la Turquie.

A Koweït, un supermarché a décidé de retirer les produits du groupe de cosmétiques L’Oréal de ses rayons tandis qu’en Arabie saoudite, des appels à ne plus se rendre dans les magasins Carrefour circulent sur les réseaux sociaux, même s’ils ne semblent pas suivis comme l’ont constaté des journalistes de Reuters lundi à Ryad.

« Pour l’instant (…) ce sont des boycotts de produits agroalimentaires. L’agroalimentaire, c’est à peu près dans les pays du Moyen-Orient un peu plus d’un milliard (d’euros) d’exportations, 4% seulement des exportations de produits agroalimentaires dans le monde », a précisé Franck Riester sur RTL.

Interrogé sur le sujet, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a déclaré lundi sur RMC qu’il n’était « pas question de céder au chantage ». « On doit faire passer nos principes avant la possibilité de développer nos affaires », a dit le représentant du patronat français.

La France a déjà réclamé dimanche l’arrêt des appels au boycott de ses produits et Emmanuel Macron a écrit sur Twitter: « Rien ne nous fera reculer, jamais ».

(Avec les bureaux de Reuters, version française Marc Angrand, Nicolas Delame et Bertrand Boucey, édité par Jean-Stéphane Brosse)

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