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Roger AKL : Ce que Dieu fit pour moi

Charbel et moi.

Je suis né à Beyrouth en 1938, dans une famille chrétienne pratiquante.

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Nous habitions le rez-de-chaussée d’un de deux immeubles jumeaux, séparés par un couloir découvert, plein de courants d’air et donnant sur un jardin. Dès ma tendre enfance, j’avais un caractère entêté et désobéissant. Un jour que mes parents avaient refusé de m’accorder un de mes caprices, je me suis mis à pleurer à chaudes larmes, je sortis de la maison et m’assis sur les trois marches joignant le couloir au jardin. Mes parents étaient assis, prenant leur café sur la terrasse donnant sur le jardin. Mon père me vit et dit : « Roger (je leur avais, à l’âge de quatre ans, montré que je refusais de répondre au diminutif « Roro », dont ils m’avaient affublé), lève-toi de là, tu vas attraper un « coup de vent » (traduit littéralement du Libanais) et tomber malade ». L’enfant têtu et capricieux que j’étais voulut se venger de ses parents. Je refusai d’obéir et attrapai une bronchite asthmatique carabinée qui ruina ma vie et celle de mes parents. Je me rappelle encore les nuits de crise qui me tenaient réveillé, tandis que ma mère veillait auprès de mon lit en pleurant.

Cela dura jusqu’au début des années cinquante, date à laquelle le moine Charbel se fit connaître par tous les Libanais par une série de miracles, qu’on racontait de bouche en bouche. Lorsqu’on ouvrit la tombe, le corps du moine était resté intact à tel point qu’on pensait qu’il était vivant, endormi. On a été obligé de le mettre sous verre, pour le protéger des gens qui venaient en prendre des reliques (morceaux de ses vêtements, cheveux) ou simplement le toucher pour obtenir des miracles. Mes parents, espérant qu’il me guérirait, demandèrent à un cousin, qui possédait une voiture, de nous emmener à sa tombe dans la montagne. Le voyage était, à ce moment-là, long et ardu, par des routes sinueuses, surplombant des vallées encaissées, et il devait durer toute la journée. Nous partîmes donc, tôt le matin, et emportâmes notre déjeuner avec nous.

Durant toute cette journée, j’eus la plus forte crise de ma vie. Je n’arrivais plus à respirer et les sifflements de ma poitrine surmontaient le bruit du moteur de la vieille voiture. En tous cas, malgré les prières sur la tombe de Charbel, rien ne montra qu’il m’avait guéri, au contraire.

Je revins plus malade que je n’étais parti.

Quelque temps après, je me réveillais par deux fois en sursaut, frissonnant, couvert de sueur froide et sentant une présence derrière la tête de mon lit appuyée contre un des murs de la chambre. C’était un des deux vieux lits en fer que mes parents nous avaient donnés, à mon frère et à moi, après qu’ils se soient achetés deux lits en bois suivant la mode du moment. Il n’y avait donc pas de place pour une personne derrière moi. Ce personnage, qui me faisait peur, devait être incrusté dans le mur. Je levais les yeux, sans oser bouger la tête, et je vis un moine, à la barbe blanche, en soutane et capuchon noirs, debout derrière mon épaule gauche, sur laquelle il avait posé sa main droite. Je me trouvais ensuite seul tout tremblant dans la nuit, avec personne derrière moi. Il avait disparu. Etait-ce vraiment une apparition ou un rêve cauchemardesque ? Je ne pouvais pas le dire ; je ne racontais cela à personne. Pourtant, depuis ce jour-là, mes crises d’asthme s’estompèrent lentement, sans partir totalement. Cela fut attribué à une amélioration normale avec l’âge. Mes crises, cependant, devenaient accidentelles et elles ne m’empêchèrent pas d’être accepté dans les forces armées libanaises et envoyé en France à l’Ecole Navale, comme élève officier libanais. Certains de mes camarades français se rappelleront peut-être les nuits, durant lesquelles ils me trouvaient sur la passerelle (de commandement du bateau école), alors que ce n’était pas mon tour de quart. Ils m’avaient alors traité de « faillot » cherchant à s’attirer les bonnes grâces de l’officier instructeur. C’était simplement que je n’arrivais plus à respirer dans l’atmosphère, surchargée d’odeurs, du poste où nous dormions tous ensemble. Puis, finalement j’étais guéri.

Mes visions, du moine Charbel, devenu saint depuis, qui m’avaient fait si peur, n’étaient plus qu’un vague souvenir, quand les guerres du Liban commencèrent. J’étais déjà marié avec deux enfants et nous habitions, ma famille et moi, en zone Ouest (appelée palestino musulmane) alors que mon poste était au ministère de la défense en zone Est (appelée christiano gouvernementale). Non seulement, j’étais officier de l’armée qui combattait les milices dominant la zone Ouest, mais encore j’étais chrétien et je passais tous les jours la ligne de front pour passer en zone « ennemie ». Ajoutez à cela mon sale caractère et mon énervement de voir des milices donner des ordres et contrôler mes papiers, à moi, un officier de l’Etat chargé plutôt de les contrôler. Tout cela me mit et mit ma famille en grand danger, surtout que parfois je passais les barrages miliciens (chrétiens et musulmans), sans m’arrêter, par énervement suicidaire ; ce que je regrettais ensuite à froid. Deux exemples peuvent donner une idée du danger dans lequel je mettais ma famille :

Un dimanche, nous devions aller à la messe ; ma femme et mes enfants étaient déjà dans la voiture, quand j’aperçus une BMW barrant la sortie du parking de notre immeuble. Je klaxonnais. Personne ne descendit enlever la voiture. Le propriétaire d’une épicerie voisine sortit et me dit apeuré : « C’est la voiture d’un chef palestinien qui habite votre immeuble ». Cela ne fit que m’exciter et je commençais à frapper le couvercle du moteur de la voiture BMW du plat de la main. A la fin, un milicien palestinien sortit de la porte de l’immeuble, à côté de ma voiture, alors que j’étais en face de lui, à côté de la sienne, c’est-à-dire à la porte du parking.

Il se dirigea donc vers moi pour prendre sa voiture et je fis le chemin contraire. Arrivé à sa hauteur, je lui criais : « de quel droit bloquez-vous la porte du parking ? » Il me répondit sur le même ton : « Mais de quel droit me criez-vous dessus ? »

Il était déjà à côté de sa voiture, me faisant face et faisant passer, d’une manière menaçante, son fusil Kalashnikov d’un bras à l’autre, tandis que moi, j’étais debout devant ma voiture, en bras de chemise (c’était l’été) désarmé. Je lui dis en écartant mes bras de mon corps : « je veux crier. Qu’allez-vous faire ? Me tuer ? Tirez si vous êtes un homme.

Mais tirez donc ! » Mes bras lui faisaient signe de tirer sur ma poitrine : « Tirez donc si vous êtes un homme ! »

Non seulement c’était de la folie, mais encore j’avais oublié que ma femme et mes enfants étaient derrière moi, dans son champ de tir. Les secondes s’égrenèrent lentement et il continuait à faire passer pensivement son arme d’un bras à l’autre, tandis que je continuais bêtement à l’inciter.

Enfin, son chef sortit de la porte derrière moi et lui demanda : « Ahmed, que se passe-t-il ? » Il dit : « Il me crie dessus ». Le chef répondit : « je suis pressé ; allons-nous en ». Etonnamment, le chef palestinien envoya quelqu’un pour s’excuser de l’incident.

Avant la guerre, nous avions mis les enfants à l’école, chez les pères Jésuites de Jamhour, en zone chrétienne, près du ministère de la Défense.

Durant les premières années de combat, je les prenais avec moi en allant au travail. Mais la situation devint si dangereuse que nous fûmes forcés de les envoyer au Collège protestant français, près de notre logement en zone Ouest. J’avais une voiture de service et un chauffeur, Ali Khreiss, que je laissais avec ma famille, pour accompagner et protéger ma femme et mes enfants. Je lui avais même passé mon pistolet de service, en cas…

C’était un homme fidèle, quoique un peu tête brûlée. Un jour, de retour du travail, je fus accueilli très méchamment par ma femme qui me dit : « Nous avons risqué d’être tués par ta faute, car tu as voulu rester au Liban ». Elle me raconta ensuite qu’une voiture piégée avait sauté juste devant la leur et avait failli lui coûter la vie ainsi que celle de nos enfants. Ils y avaient échappé de peu.

Tout cela l’avait rendue anxieuse et dépressive, elle, Arménienne d’Alexandrie, traumatisée par les récits que lui racontaient ses grands-parents sur le génocide arménien, les malheurs et les peurs des siens en Egypte, qu’ils avaient dû quitter pour émigrer aux Etats-Unis, laissant derrière eux leurs biens, leurs parents, frères, sœurs, cousins et amis. Elle avait peur de me perdre lors de mes passages journaliers de la ligne de front ; elle avait peur de rester seule avec les enfants en zone Ouest, dans le cas très probable que la situation se dégrade et que je sois empêché par la guerre de revenir à la maison.

Une de ses amies arméniennes lui parla de sa belle-mère, qui « était une sainte et pieuse voyante qui pouvait prier sur le colonel et le protéger », lui disait-elle. Je fus bien obligé de les accompagner pour la visiter dans la montagne chrétienne. La dame nous fit entrer dans une chambre pleine d’icônes, consacrée à la prière. Nous étions tous debout et elles étaient derrière moi. Elle ne parlait que l’Arménien. Mon épouse, Marie-Thérèse (Terry) traduisait. Elle me demanda de prier avec elle. Quand la prière fut finie. Elle dit en Arménien à Terry : « Pourquoi as-tu peur pour ton mari ? Il est protégé par un ange. J’ai vu, derrière lui, un homme qui le protège, habillé tout en noir, comme un moine maronite, peut-être est-ce saint Maron. Il avait mis sa main droite sur l’épaule gauche de ton mari ».

Je savais bien que ce n’était pas saint Maron, mais saint Charbel, qui me faisait un clin d’œil par l’intermédiaire de la voyante arménienne. Car, personne, d’autre que moi, n’avait eu vent de mes rêves. Apparitions ou rêves ?

Depuis, mes relations avec lui, comme avec Dieu, eurent des hauts et des bas. Mais souvent, dans les moments les plus difficiles, je sentais que j’étais aidé et je savais toujours par Qui.

Chers compatriotes, le Liban passe par des moments difficiles et vous passez par de dures épreuves, qui paraissent humainement insurmontables, car vous avez à lutter contre des ennemis surpuissants. N’est-il pas temps pour vous de revenir aux qualités et aux croyances de vos ancêtres qui vous ont laissé comme testament que seule l’union fait la force ? Ne vous ont-ils pas laissé un dicton : « Moi et mon frère contre mon cousin, moi et mon cousin contre l’étranger » ?

Qui sont ici le frère, le cousin et l’étranger ? Votre concitoyen et votre compatriote ne sont-ils pas vos frères ? Pourquoi vous alliez-vous avec l’étranger contre vos compatriotes ?

Dans les dures épreuves, rappelez-vous « qu’il faut prier comme si tout dépendait de Dieu et agir comme si tout dépendait de soi ».

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