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Quel avenir pour les chrétiens du Nigeria ?

Il y a des signes d’espoir pour les chrétiens du Nigeria, selon Franco Majok, responsable local de l’organisation Solidarité Chrétienne Internationale, qui s’est rendu récemment dans les villes de Maiduguri (État de Borno), Kano (État de Kano) et Jos (État de Plateau).

Le Nigéria est le plus grand pays d’Afrique. Pour les chrétiens, c’est aussi le pays le plus meurtrier au monde. C’est là qu’est né Boko Haram, un groupe militant islamiste qui, selon les estimations de l’Organisation des Nations Unies, a depuis 2009 tué plus de 20 000 personnes et contraint près de 2 millions à fuir leur foyer. Dans les territoires contrôlés par Boko Haram, les chrétiens qui restent sont forcés de se convertir à l’islam. Dans d’autres parties du nord du Nigéria, la population vit sous un système judiciaire répressif, basé sur la charia. Des bandes armées de nomades peuls y mène une campagne d’épuration ethnique conduisant à d’atroces massacres de villages chrétiens.

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L’organisation chrétienne Christian Solidarity International est active sur le terrain au Nigéria depuis 2013, venant au secours des chrétiens déplacés par la violence. En février 2017, Franco Majok, responsable de mission CSI pour le Nigéria, s’est rendu dans le nord du pays pour y visiter les missions en cours. Voici ce qu’il y a trouvé.

Maiduguri est un refuge au cœur de la violence

Lorsque Franco Majok est arrivé à Maiduguri, la capitale de l’État de Borno, la ville était relativement calme. C’était la première fois que la situation sécuritaire lui permettait de faire le voyage. Néanmoins, la forte présence militaire dans les rues de Maiduguri atteste du fait que Boko Haram, en dépit des efforts renouvelé de l’armée nigériane, reste invaincu dans une grande partie de la campagne environnante.

« Boko Haram a détruit la plupart des villages chrétiens du nord-est du Nigéria »

Ces propos sont de Franco Majok, qui a eu l’occasion de visiter trois des quatre camps de Maiduguri pour chrétiens déplacés. Le plus grand camp accueille près de 4881 personnes et est le seul qui soit reconnu par le gouvernement nigérian. Malgré cette reconnaissance officielle, la situation dans le camp est fort précaire : nourriture et médicaments font défaut, les enfants ne sont pas scolarisés.

Le diocèse catholique de Maiduguri, le partenaire principal de CSI dans l’État de Borno, administre un autre camp, plus petit, où les conditions sont nettement meilleures : les enfants vont à l’école et des médecins chrétiens locaux se portent volontaires pour soigner les malades à moindre coût. CSI aide les habitants de ces camps par le biais de distribution de nourriture et de médicaments, et espère pouvoir bientôt mettre sur pied des projets à plus long terme.

A Kano, les chrétiens doivent résister à la marginalisation

Après Maiduguri, Franco Majok s’est rendu dans l’État de Kano. Là, le risque ne provient pas de Boko Haram, mais de la marginalisation des communautés chrétiennes dans cet État à majorité musulmane où la charia a été instaurée en 2000.

« Ces chrétiens appartienne à la tribu des Haoussas, une tribu presque entièrement musulmane. Dans les six villages reculés où ils vivent, ils sont privés de tout. »

En effet, ils n’ont ni eau salubre, ni électricité, ni signal téléphonique, ni école, ni hôpital. Politiquement, même au niveau local, ces villages sont regroupés avec les villages musulmans environnants, plus densément peuplés. Ainsi, les villageois chrétiens sont sous-représentés à tous les échelons et leurs besoins non pris en compte.

Afin d’aider ces villages, CSI collabore avec le diocèse local, qui est extrêmement bien organisé grâce au travail acharné de son évêque, Mgr Niyiriny. Alors qu’à Maiduguri l’accent est pour l’instant mis sur les besoins immédiats des chrétiens déplacés par les attaques de Boko Haram, à Kano CSI et ses partenaires locaux se concentrent davantage sur des projets à long terme.

Le diocèse a récemment achevé la construction d’un hôpital. CSI a aidé à couvrir les coûts d’équipement de cet hôpital, et contribue également aux frais de forage d’un puits, qui permettra l’accès à de l’eau salubre. L’évêque s’apprête également à lancer un projet pilote qui formera une équipe aux techniques agricoles et à la gestion des semences. Cette équipe recevra ensuite un tracteur et commencera à travailler sur une petite parcelle de terrain. Si l’expérience réussit, le projet sera étendu à plus de villageois. Une autre idée est d’enseigner la fabrication de savon et de yogourt à un groupe de jeunes, avec pour but de démarrer une petite entreprise.

A Jos, l’espoir est pour l’avenir

Après un trajet de quatre heures en voiture à travers d’innombrables points de contrôle militaires et policiers, Franco Majok a atteint la destination finale de son voyage : Jos, la capitale de l’État de Plateau, un des États à majorité chrétienne du Nigéria. La route l’avait conduit à proximité d’une autre région dans laquelle CSI est active, le sud de l’État de Kaduna, mais à cause de combats entre population locale et nomades peuls, il n’a pas pu s’y arrêter.

« Ce trajet difficile nous rappelle que la situation sécuritaire dans le nord du Nigéria est toujours précaire, en particulier lorsque l’on voyage en dehors des grandes villes. »

De nombreux chrétiens du Nord-Est, fuyant la mort et la dévastation que Boko Haram sème sur son passage, se sont réfugiés dans l’État de Plateau. À Jos, CSI travaille avec une association locale, la Stefanos Foundation, qui administre un camp accueillant 42 familles de l’État de Borno dont les villages ont été détruits par Boko Haram. De tous les camps que Franco Majok a visité lors de ce voyage, c’est le camp dans les meilleures conditions : il s‎’y trouve même une école et une petite clinique !

CSI aide les habitants du camp à démarrer leur propre exploitation agricole. Cette fois-ci CSI a pu permettre à deux familles de louer une parcelle de terrain pour y installer une ferme, et a aidé un autre individu à mettre sur pied un commerce de chèvres. Il est primordial que les habitants des camps puissent regagner espoir dans un avenir meilleur. En créant leurs propres entreprises, ils ne sont plus seulement des victimes, mais deviennent aussi capables de subvenir eux-mêmes aux besoins de leurs familles.

« La peur de Boko Haram et des bergers peuls est omniprésente. »

Borno, Kano, Plateau, le sud de Kaduna : si à première vue la situation diffère d’un État à l’autre, dans chaque cas il s’agit de communautés chrétiennes menacées par des forces d’islamisation, que celles-ci proviennent de l’organisation terroriste Boko Haram, des attaques des nomades peuls ou de formes plus sournoises de marginalisation. Certains chrétiens ont été forcés de tout abandonner pour une vie incertaine dans les camps ; d’autres tentent de rester malgré tout sur leurs terres ancestrales. Tous ont besoin d’espérance.

« La peur de Boko Haram et des bergers peuls est omniprésente », a indiqué Franco Majok à son retour du Nigéria. Cependant, malgré ce contexte de peur, les populations chrétiennes du Nigéria démontrent qu’ils ont le courage et la force d’aller de l’avant et de continuer à construire leurs communautés, pour autant que nous restions à leurs côtés.

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