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Des puces à la pompe via les ports, l’inflation s’installe

Envolée des prix à la pompe, pénuries de main-d’oeuvre, composants introuvables, manque de bateaux: les pressions à la hausse sur les prix pourraient augmenter plus rapidement qu’anticipé et remettre en cause le scénario d’une poussée inflationniste transitoire en sortie de crise.

Les banques centrales s’en tiennent à leurs prévisions selon lesquelles les prix vont refluer dès le début de l’an prochain mais elles commencent à admettre qu’ils pourraient rester élevés plus longtemps, tandis que sur les marchés, les anticipations d’inflation remontent.

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Or les conclusions auxquelles parviendront les instituts d’émission détermineront le calendrier du retrait des milliers de milliards d’euros de soutiens monétaires mis en oeuvre depuis le début de la crise du coronavirus, l’un des enjeux majeurs du moment pour les marchés.

« Les banquiers centraux vont-ils se concentrer sur la croissance et choisir d’être ‘un peu en retard sur la courbe’? Ou seront-ils davantage préoccupés par l’inflation et retireront-ils rapidement les soutiens? », résume Charles Diebel, responsable des taux fixes pour le gestionnaire d’actifs Mediolanum International Funds.

Voici cinq éléments clés du débat sur l’inflation:

1/ LA « GAZFLATION »

Les prix du gaz naturel ont bondi depuis le début de l’année de plus de 350% en Europe et de plus de 120% aux Etats-Unis. Le pétrole affiche une hausse de près de 50% et la banque Goldman Sachs s’attend à ce que le cours du baril de Brent atteigne 90 dollars d’ici fin décembre, contre environ 78 dollars vendredi.

Les prix du gaz et de l’électricité représentent 4,8% du panier servant au calcul de l’inflation selon les règles européennes IPCH, référence pour la Banque centrale européenne (BCE). Rabobank estime que leur hausse pourrait représenter une augmentation de 0,15 point de pourcentage du taux d’inflation dans la zone euro en 2021, que la banque prévoit pour l’instant à 2,2%, et de 0,25 point pour l’inflation 2022, qu’elle attend à 1,8%.

De nombreux économistes estiment que la hausse des cours du gaz sera durable en raison du ralentissement de la production des Etats-Unis, de l’augmentation du prix des permis d’émission de CO2 et du durcissement des règles limitant l’usage de carburants plus polluants.

En Chine, où les prix à la production ont bondi de 9,5% en août, les coupures de courant freinent la production de nombreux biens et matières premières, du ciment à l’aluminium, ce qui alimente les pénuries dont souffrent de nombreux secteurs, comme l’automobile. Morgan Stanley évoque ainsi « une inflation sur les coûts et un resserrement de l’offre en amont qui pourraient affecter la production et les profits en aval ».

2/ L’ENVOLÉE DES PUCES

Les semi-conducteurs ou puces ont un impact sur l’industrie sans commune mesure avec leur taille. Chez General Motors, les pénuries de composants électroniques devraient ainsi avoir amputé la production de 200.000 véhicules au troisième trimestre, ce qui favorise la hausse des prix sur le marché de l’occasion.

Le géant taïwanais du secteur des semi-conducteurs TSMC envisage de nouvelles hausses de prix susceptibles d’atteindre 20%, qui se répercuteraient aussi bien sur les coûts de l’électronique grand public que de l’automobile ou des téléphones portables.

« Il semble probable que ces pénuries de semi-conducteurs persisteront l’an prochain », prévient Jack Allen-Reynolds, économiste senior Europe chez Capital Economics. Voire au-delà: le directeur général d’Intel prévoit que les puces représenteront 20% du coût de fabrication d’une voiture d’ici 2030 contre 4% en 2019 avec l’essor des véhicules électriques et autonomes.

3/ MANGER COÛTE PLUS CHER

La hausse des prix alimentaires mondiaux a atteint 30% sur un an en août selon l’indice de référence de la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.

Cette accélération s’explique bien sûr par l’augmentation des prix des matières premières agricoles mais les analystes de J.P. Morgan mettent aussi en avant les tensions créées par la pandémie, qui a perturbé de multiples chaînes logistiques et fait bondir les prix du transport.

Dans de nombreux pays émergents, l’alimentation représente une part importante du panier de référence servant au calcul de l’inflation, ce qui se traduit par une pression accrue sur les autorités monétaires et budgétaires. Le risque est plus limité pour les pays développés mais ceux-ci n’échapperont pas pour autant à des hausses de prix.

4/ LA « GREENFLATION »

Les politiques de lutte contre le dérèglement climatique se voient régulièrement reprocher de favoriser la hausse des prix, par exemple en obligeant des sites industriels ou miniers polluants à fermer ou en durcissant les normes imposées aux constructeurs automobiles et navals.

Les prix des permis d’émission de dioxyde de carbone (CO2) ont doublé depuis le début de l’année à 65 euros la tonne. Une hausse supplémentaire à 100 euros ferait augmenter le prix de l’électricité pour les particuliers européens de 12%, l’équivalent de 35 points de base supplémentaires pour le taux d’inflation dans la zone euro, selon des estimations de Morgan Stanley en juin.

Les prix du transport maritime, eux, on déjà augmenté de 280% cette année selon le « Baltic Index », indice de référence du secteur.

5/ L’INFLATION PAR LES SALAIRES, PROCHAINE ÉTAPE ?

Le mécanisme est connu: quand la hausse des prix à la production se répercute sur les prix à la consommation, elle favorise les revendications salariales.

Le tableau en la matière est pour l’instant en demi-teinte: aux Etats-Unis, la hausse du salaire horaire moyen a atteint 0,6% en août et les anticipations d’inflation des consommateurs évoluent autour de 3% selon plusieurs enquêtes.

Au Royaume-Uni, dans certains secteurs, les salaires ont augmenté de jusqu’à 30% cette année. Dans la zone euro, si les coûts du travail ont diminué au deuxième trimestre, les anticipations d’inflation sont désormais orientées à la hausse.

« Les marchés exagèrent peut-être un peu en matière d’anticipations de prix mais je ne recommande pas aux investisseurs de négliger cette évolution », dit Jorge Garayo, stratège taux senior de Société générale. « L’an prochain, ce sera le test majeur. »

(Reportage Dhara Ranasinghe et Sujata Rao, avec la contribution de Stefano Rebaudo, version française Marc Angrand, édité par Sophie Louet)

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