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Attentat de la préfecture de police de Paris

Une attaque au couteau a été perpétrée par Mickaël Harpon le 3 octobre 2019 dans l’enceinte de la préfecture de police de Paris. Trois policiers et un agent administratif ont été tués et deux employés de l’administration ont été blessés. Le tueur qui a été abattu est un islamiste employé comme adjoint administratif à la Direction du Renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP) depuis 15 ans, ce qui met en difficulté le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner. Ce drame relance le débat sur l’infiltration par des islamistes des autorités chargées de lutter contre l’islam radical et entraîne des appels à la démission de Christophe Castaner.

La France est confrontée à une vague d’attentats liés à l’islamisme, dont le dernier en date est celui de la rue Victor-Hugo de Lyonen mai 2019. Les victimes décédées à la suite de l’attentat de la préfecture de police porte à 263 le nombre de morts dus au terrorisme islamiste depuis 2012.

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Déroulement de l’attaque

L’attaque s’est déroulée pendant sept minutes le 3 octobre 2019, à l’intérieur des locaux de la préfecture de police de Paris, ensemble de bâtiments situé sur l’Île de la Cité, dans le centre historique de la capitale et qui regroupe les principales directions de la police parisienne, à l’exception de la police judiciaire, située dans le palais de justice de Paris.

En début de matinée, le tueur arrive dans son bureau de la préfecture de police de Paris. Entre 11 h 21 et 11 h 50, il échange avec son épouse 33 SMS à « connotation exclusivement religieuse ». L’adjoint administratif quitte son bureau à 12 h 18 et achète deux couteaux — un couteau de cuisine métallique avec une lame de 20 cm et un couteau à huîtres — à 12 h 24. Dans un SMS envoyé à sa femme peu avant les meurtres, il évoque cet achat, ce à quoi celle-ci répond : « Seul Dieu te jugera. Allahu akbar ».

À partir de 12 h 53, l’assaillant tue trois collègues dans deux bureaux, au premier étage du bâtiment, puis s’en prend à deux femmes, qu’il croise dans les escaliers. Il a égorgé sa première victime, un membre de la DRPP ayant décliné une invitation à déjeuner avec des collègues, et qui se trouvait donc à son bureau. Les autres victimes ont reçu des coups au niveau du thorax.

À 13 h, descendu dans la cour de la préfecture, le tueur est abattu après sommations, de plusieurs balles de HK G36, dont au moins une dans la tête, par un policier stagiaire de 24 ans de la Direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC), en poste depuis six jours.

Une attaque préméditée

Le 5 octobre, une dépêche de Reuters indique que l’attentat à la préfecture de police de Paris apparaît préméditée et son auteur présentait des signes de radicalisation religieuse, a déclaré samedi le procureur de la République antiterroriste.

Jean-François Ricard a décrit pendant une conférence de presse un « périple » de sept minutes entre le moment où le suspect,Mickaël Harpo, est revenu à son bureau après avoir acheté deux couteaux, et celui où il a été « neutralisé » par un gardien de la paix.

Qui sont les victimes ?

Outre l’assassin, quatre personnes sont tuées : Damien Ernest, major responsable d’une unité au sein de la DRPP avec 28 ans de service, Anthony Lancelot, gardien de la paix avec 11 ans de service, Brice Le Mescam, adjoint administratif principal à la direction du renseignement avec 6 ans de service, et Aurélia Trifiro, gardienne de la paix à la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne avec 17 ans d’ancienneté. Ils sont tous quatre faits chevaliers de la Légion d’honneur à titre posthume au cours d’un hommage national présidé par Emmanuel Macron le 8 octobre. La femme grièvement blessée travaille à la direction des ressources humaines. Un autre fonctionnaire est moins sérieusement blessé, mais également hospitalisé.

A propos de Mickaël Harpon

L’assaillant abattu, Mickaël Harpon, est un Français né en 1974 à Fort-de-France, en Martinique. Adjoint administratif à la préfecture de police depuis 2003, adjoint administratif de catégorie C, il était notamment chargé de la maintenance informatique auprès du millier de fonctionnaires de la DRPP. Ayant accès aux fichiers de police, messageries professionnelles et codes d’accès individuels, il était habilité « secret défense », la plus haute habilitation au sein de la police. Selon Le Canard enchaîné, Mickaël Harpon pouvait ainsi avoir accès à la liste des policiers infiltrés dans les mosquées.

Jean-François Ricard, procureur de la République antiterroriste, indique que l’assaillant s’était converti à l’islam il y a une dizaine d’années : en contact avec la mouvance salafiste, il fréquentait la mosquée de la Fauconnière, à Gonesse (Val-d’Oise) dont l’imam jusqu’en décembre 2017 était fiché S comme radicalisé. En 2015, notamment, un signalement d’un de ses collègues avait fait état de sa réjouissance après l’attentat contre Charlie Hebdo, mais les différents signalements oraux effectués à la sous-direction de la sécurité intérieure (SDSI) ne sont pas remontés dans la hiérarchie6.

Déroulement de l’enquête

L’enquête a en outre permis de « faire apparaître des contacts entre l’auteur des faits et plusieurs individus susceptibles d’appartenir à la mouvance islamiste salafiste », a poursuivi Jean-François Ricard, ajoutant que « plusieurs témoignages ont fait apparaître que le suspect aurait adhéré à une vision radicale de l’islam ».

Dans la soirée du 4 octobre 2019, après plus d’une journée de flottements alors que plusieurs éléments allant dans le sens d’une radicalisation étaient rapidement connus, les investigations sont confiées par le parquet national antiterroriste (PNAT) à la brigade criminelle de la direction régionale de la police judiciaire (DRPJ), la sous-direction anti-terroriste de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et la direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) en co-saisine.

Une enquête est ouverte pour « assassinat et tentative d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste » et pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Le procureur de la République antiterroriste affirme le 5 octobre que les autopsies « attestent d’une scène d’une extrême violence » et que « le comportement de l’individu n’a trahi aucune fébrilité ». Les enquêteurs n’excluent pas l’hypothèse que l’assaillant ait pu bénéficier de complicités ou avoir établi un contact avec une organisation terroriste.

L’épouse du tueur, Ilham Eddibes, de nationalité marocaine, est placée en garde à vue. Elle affirme que son mari a « entendu des voix » la nuit précédant l’attaque et qu’il « était incohérent ». Un voisin du domicile du tueur indique aux enquêteurs que celui-ci a crié « Allahu akbar » à plusieurs reprises la nuit précédant les meurtres. L’épouse est relâchée le 6 octobre, après une prolongation de garde à vue.

Auditionnés, plusieurs fonctionnaires affectés à la DRPP évoquent de nombreux signes de radicalisation du meurtrier et affirment avoir reçu des pressions pour qu’ils se taisent. Des témoignages indiquent que le tueur avait récemment changé d’attitude envers les femmes, qu’il refusait de saluer, et portait des vêtements traditionnels à la mosquée.

Lors de la perquisition du bureau de Mickaël Harpon à la préfecture, les enquêteurs découvrent une clé USB comportant des milliers de documents, dont des vidéos de décapitations de l’État islamique ainsi que les coordonnées et des données personnelles de plusieurs dizaines de collègues du tueur. En première analyse, les experts informatiques indiquent que la clé n’a pas été connectée à d’autres ordinateurs que ceux de son service à la préfecture. Selon Europe 1, les vidéos de décapitations n’auraient dans ce cas pas été téléchargées depuis Internet mais à partir d’ordinateurs de la police. D’après une source proche du dossier, les experts qui travaillent à la DRPP peuvent collecter des photos et vidéos de propagande de l’État islamique, Mickaël Harpon ayant ainsi pu être amené à faire des copies du contenu des ordinateurs.

Suites et conséquences politiques

L’opposition appelle à la démission du ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, qui avait immédiatement écarté la piste terroriste en indiquant que l’assaillant n’avait « jamais présenté de difficulté comportementale », ni « le moindre signe d’alerte ». Il doit être auditionné par la délégation parlementaire au renseignement. Le Parisien du 4 octobre se demande si « les autorités ont cherché à minimiser la réalité ou, à tout le moins, à retarder l’échéance de l’annonce d’un acte terroriste commis de l’intérieur ». Les hypothèses d’un calcul politique ou d’une volonté d’étouffer l’affaire sont évoquées. Le 6 octobre, Christophe Castaner reconnait des « failles » dans le suivi de l’assassin, mais exclut de démissionner.

En parallèle, le débat sur la détection d’islamistes ou de partisans du djihad au sein des autorités chargées de combattre l’islam radical est relancé alors qu’aucune mesure n’avait été prise malgré des alertes sur une possible radicalisation de Mickaël Harpon.

Le 9 octobre 2019, le ministère de l’Intérieur interdit un rassemblement de soutien à Mickaël Harpon organisé par Hadama Traoré, « candidat des banlieues » aux élections européennes de mai 2019, et prévu le 10 octobre devant l’hôtel de ville de Gonesse. La veille, la sénatrice Jacqueline Eustache-Brinio avait demandé l’interdiction de cette manifestation, ce qui lui avait été refusé par la préfecture.

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