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Chrétiens de Syrie : la vie reprend son cours

Iskandar Agobian est un chrétien syrien d’origine arménienne de 68 ans qui a fui Alep pour se réfugier à Tartous. Aujourd’hui, il collabore avec l’organisation Solidarité Chrétienne Internationale qui vient en aide aux chrétiens persécutés.

Iskandar Agobian fait partie des dizaines de milliers de chrétiens arméniens qui vivaient dans la ville d’Alep avant la guerre. Il appartient maintenant aux centaines de milliers de déplacés internes qui ont trouvé refuge à Tartous, sur la côte syrienne de la Méditerranée. Il n’est pas le premier réfugié de sa famille : son grand-père avait déjà dû fuir le génocide de 1915 dans l’Empire ottoman et se rendre en Syrie. À cette époque, bien plus d’un million de chrétiens étaient morts.

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Iskandar Agobian devant son immeuble qui a été longtemps située sur le front de guerre. Il habitait au 2e étage.

Avant la guerre syrienne, Agobian travaillait pour des entreprises étrangères et comme traducteur d’ouvrages spécialisés (français/anglais – arabe). Aujourd’hui, il dirige un centre d’accueil à Tartous, où environ 150 enfants sont scolarisés et participent à des animations. Par son travail, il est en contact étroit avec Sœur Marie-Rose, partenaire de la Solidarité Chrétienne Internationale.

La ville d’Alep dévastée par la guerre

Iskandar Agobian habitait au cœur de la vieille ville d’Alep aux maisons pittoresques, truffé d’églises chamarrées et de restaurants traditionnels. Son appartement dans un immeuble collectif se situait dans la rue Al-Saïd-Ali, dans le quartier Al-Jdeidé dont les habitants sont en majorité des chrétiens arméniens.

Des manifestations après la prière du vendredi

Après les premières manifestations de Damas contre le Gouvernement syrien qui ont lieu en mars 2011, les protestations s’étendent à Alep dès juin 2011. Agobian relate : « Chaque semaine, après la prière du vendredi, des centaines de personnes manifestaient contre le Régime, puis il y avait un répit d’une semaine jusqu’au vendredi suivant. »

Amitié entre deux fronts

« Au début, poursuit Agobian, nous avons pensé que les troubles allaient rapidement cesser et nous avons donc continué de vivre comme auparavant. Mais au contraire, ils ont rapidement tourné à la violence et de nombreuses personnes ont quitté Alep au cours des mois suivants. Un jour du début du mois d’août 2012, j’ai vu depuis mon balcon un camion chargé de sacs de sable, avec douze jeunes hommes d’une vingtaine d’années à son bord. Ils portaient des Kalachnikovs marqués du sceau ‹ Armée syrienne libre › (ASL). Ils ont ensuite érigé des barricades, dont l’une juste en face de l’entrée de mon immeuble. En seulement deux heures, presque tous mes voisins se sont enfuis. »

Les barricades de l’armée syrienne sont dressées 200 mètres plus loin. Les nuits suivantes, Agobian ne peut pas fermer l’œil à cause des échanges de coups de feu. Mais de jour, il peut se déplacer sans problème entre les deux fronts. Les combattants de l’ASL se comportent même avec beaucoup de respect à son égard et ils vont jusqu’à l’appeler hadj, une formule de respect pour une personne plus âgée. Une fois, Agobian leur laisse la clé de son appartement pour qu’ils puissent aller se doucher. De même, il entretient des rapports amicaux avec les soldats gouvernementaux : « Le matin, je buvais le café avec les jeunes hommes de l’ASL et le soir, avec ceux de l’armée syrienne. Chaque partie aurait bien voulu recevoir des informations concernant son adversaire, mais toutes deux acceptaient que je refuse de dire quoi que ce soit dans ce sens. »

L’Armée syrienne libre

En buvant le café avec des combattants de l’ASL, Agobian leur demande un jour pourquoi ils ont rejoint cette milice. Leur réponse : « Nous sommes jeunes et au chômage ; quelqu’un nous a proposé un salaire élevé et de la bonne nourriture. Nous avons simplement dû nous engager à venir ici et à ouvrir le feu chaque jour depuis les barricades. Nous ne pouvions pas refuser une offre pareille. » Agobian demande encore : « Était-ce là votre seul motif ? ». Tous font un signe de tête affirmatif.

Le visage djihadiste de l’ASL

Le 17e jour suivant l’arrivée des combattants de l’ASL devant son immeuble, Agobian découvre alors le vrai visage de l’ASL : depuis son balcon, il observe deux hommes étranges, armés de grandes mitrailleuses : « L’un avait la peau très foncée et parlait à peine l’arabe, l’autre portait une longue barbe tout en parlant un dialecte arabe des États du Golfe. » Ces hommes instruisent les combattants de l’ASL au djihad contre les « infidèles », les entraînant à crier plusieurs fois chaque jour « Allahu akbar » et leur expliquant que, conformément à la charia, toutes les maisons de la ville leur appartiennent, qu’ils peuvent enfoncer les portes et se servir de ce qu’ils désirent. « Lorsque les deux étrangers ont demandé s’il y avait encore des ‹ infidèles › dans la région, j’ai eu le souffle coupé durant un instant. Mais les jeunes combattants de l’ASL ne m’ont pas trahi. »

L’attente du retour

Le soir du 26e jour depuis l’arrivée des combattants de l’ASL, tandis qu’Agobian rentre comme à l’accoutumée de ses travaux de traducteur, les soldats gouvernementaux ne le laissent pas rejoindre sa maison. Ce n’est que quelques jours plus tard qu’il apprend que les troupes gouvernementales ont alors lancé une offensive d’envergure au cours de laquelle trois des combattants de l’ASL qu’il connaît ont été tués. « J’étais très triste et j’ai même pleuré pour ces jeunes hommes qui avaient perdu leur vie sans raison véritable. »

Comme la situation ne semble pas s’améliorer, Agobian se résout aussi à quitter Alep.

Il apprendra plus tard que la ligne de front entre les rebelles et l’armée syrienne passait exactement au milieu de son quartier d’habitation durant trois ans. En août 2016, il ne peut toujours pas se rendre chez lui et ce n’est qu’à Noël 2016, après que les rebelles islamistes sont entièrement chassés d’Alep, qu’il peut y retourner. Les murs de son immeuble sont toujours debout, mais il a été intégralement incendié et pillé. Toutefois, Agobian désire retourner dans sa ville d’Alep. Mais jusque-là, il continue de s’engager pour les gens de son pays, en assumant la responsabilité du centre d’accueil à Tartous.

Solidarité chrétienne à Alep

Au cours des dernières années, la  Solidarité Chrétienne Internationale a soutenu des déplacés internes en divers endroits de Syrie. Aujourd’hui, il y a toujours plus de projets de reconstruction à réaliser. À Alep, nous soutenons le retour des déplacés internes, par exemple en restaurant des appartements détruits ou en finançant le traitement médical des personnes atteintes d’un cancer.

Parce que l’espoir ne meurt jamais

Ces prochains jours va paraître un livre consacré à Sœur Marie-Rose. Publié en allemand en collaboration avec la  Solidarité Chrétienne Internationale, cet ouvrage est une interview menée par Iskandar Agobian. Il donne un aperçu très intime de la vie de cette courageuse congréganiste. Certaines histoires sont bouleversantes et d’autres ont un dénouement qui fait naître l’espoir. Au final, c’est un livre passionnant qui s’articule en 28 récits.

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